Pédocriminalité dans l’Eglise : Les évêques français ont rendu compte au Vatican des « dysfonctionnements »
État des lieux•Les cas de l’ancien évêque Michel Sentier et du cardinal Jean-Pierre Ricard ont notamment été abordés20 Minutes avec AFP
C’est l’heure pour l’Eglise de France de s’expliquer. Les évêques français ont indiqué mercredi au Vatican avoir rendu compte au pape François et à différents responsables du Saint-Siège de « dysfonctionnements » internes, après les révélations de cas de pédocriminalités depuis le rapport Sauvé. « Nous avons été très bien écoutés, nos interlocuteurs étaient (…) tout à fait prêts à reconnaître que tout n’avait pas été parfaitement mené », a déclaré à la presse Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France (CEF).
Lors de cette visite de trois jours, la délégation de la CEF a rendu compte à la Curie (le « gouvernement » du Saint-Siège) des travaux menés lors de l’Assemblée plénière de Lourdes en novembre, marquée par de nouvelles révélations sur des cas de violences sexuelles commises par des clercs. Celles-ci concernaient notamment Michel Santier, ancien évêque de Créteil, sanctionné en 2021 par le Vatican pour voyeurisme sur deux hommes majeurs dans les années 1990, et le cardinal Jean-Pierre Ricard, ancien archevêque de Bordeaux, qui a reconnu avoir eu un comportement « répréhensible » avec une adolescente il y a trente-cinq ans.
Une « culture qui progresse » sur la fin du silence
Ces révélations ont ravivé la colère chez les catholiques et les collectifs de victimes, qui ont mis en cause les délais et le manque de transparence des sanctions prises par l’Eglise. La CEF a indiqué avoir signalé de façon « constructive » des « dysfonctionnements à tous niveaux » dans la gestion des cas de pédocriminalité, parmi lesquels des « questions de délai » et de « transmissions insuffisantes d’un dicastère à un autre ».
Lors d’une audience avec le pape François lundi, ce dernier a exprimé ses « vifs encouragements » et « une certaine confiance dans le dynamisme de l’Eglise de France », a déclaré Mgr de Moulins-Beaufort. L’archevêque de Reims a également évoqué « une habitude un peu trop forte que tout soit fait dans la confidentialité ou le secret alors que ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus opportun et ajusté ». « Là-dessus, on sent qu’il y a toute une culture qui progresse (…) », a-t-il confié.
Interrogé sur le cas de Mgr Ricard, toujours membre du dicastère pour la doctrine de la foi, le « ministère » compétent sur les cas de pédocriminalité, le président de la CEF a confirmé que le souverain pontife était déjà informé au moment du Consistoire, fin août à Rome, auquel Mgr Ricard a participé. Les évêques de France doivent se rendre au Vatican en trois groupes entre février et juillet 2023 afin d’aborder à nouveau ces sujets.