A Cholet, Thales renforce ses troupes pour gagner la guerre électronique

Cholet : Comment Thales renforce ses troupes pour remporter la guerre électronique

DEFENSESpécialisé dans la télécommunication militaire, le site du Maine-et-Loire équipe les forces armées terrestres, maritimes ou spatiales
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • A Cholet, l’entreprise Thales poursuit son impressionnant développement avec l’objectif d’être toujours à la pointe en matière de télécommunication militaire.
  • Cybersécurité, miniaturisation des composants… « Les télécommunications sont devenues un élément essentiel » dans les conflits armés.

La plupart de ses 1.800 salariés, en majorité des ingénieurs, ont une habilitation « secret-défense », et l’entreprise ouvre rarement ses portes aux visites. Depuis plusieurs années, c’est en toute discrétion que le site Thales de Cholet poursuit son impressionnant développement pour être toujours à la pointe de la télécommunication militaire. C’est ici, dans ses locaux de 13 hectares dans le Maine-et-Loire, que viennent par exemple s’équiper tous les véhicules blindés (et notamment le Griffon ou le Jaguar) de l’armée française, à la demande de la direction générale de l’armement. Mais les équipes travaillent aussi avec des forces marines, terrestres, ou spatiales, d’une cinquantaine de pays avec lesquels la France a passé des accords.

« Nous sommes ici sur un site d’excellence pour tout ce qui est radiocommunication sécurisée, du design du produit au déploiement en passant par la production et la formation, explique Jean-Pascal Laporte, le directeur du site, lors d’une visite presse très encadrée. Nous intervenons aussi au plus près de nos forces : pendant le retrait d’Afghanistan, il y avait par exemple des personnes de Thales Cholet présentes pour accompagner l’Otan. » Le site, en pleine dynamique, voit surtout arriver tous les ans des centaines de nouveaux salariés : +45 % en cinq ans, et des records battus avec 300 recrutements cette année, et encore davantage l’an prochain. Une croissance dictée par des enjeux de cybersécurité et protection de données de plus en plus prégnants, notamment quand il s’agit de transmissions d’images, de messages vocaux ou de signaux parfois décisifs dans les conflits armés. « En 2016, environ 160 personnes s’y consacraient à Cholet, précise le directeur. Aujourd’hui, elles sont plus de 400. On embarque ces éléments dans toutes nos solutions. »



Des composants « plus petits qu’une poussière »

Ce qui mobilise les salariés de Thales à Cholet, c’est aussi la guerre électronique. « Tout ce qui permet d’identifier, localiser, écouter ou brouiller les télécommunications adverses : des talkies-walkies, des liaisons satellitaires, le wi-fi… », précise Nicolas Fovet, chef du service des projets navals et aéroportés de guerre électronique. Tout un arsenal de dispositifs et stations sont pour cela imaginés, dans ce centre qui se consacre désormais majoritairement à la recherche et développement.

Le brouilleur d’autoprotection Eclipse fait par exemple la fierté des équipes. « Il est capable de détecter l’impulsion de télécommande d’un engin explosif et va brouiller son signal, poursuit Nicolas Fovet. Il empêche le dispositif d’exploser et protège ainsi les convois de véhicules, et donc participe à sauver des vies. Plus globalement, dans la lutte antiterroriste, contre les narcotrafiquants, ou les combats de haute intensité, les télécommunications sont devenues un élément essentiel ».


Les opérateurs de l'usine Thales utilisent la réalité augmentée
Les opérateurs de l'usine Thales utilisent la réalité augmentée - Communication Thales

Le défi pour ces appareils, c’est qu’ils soient toujours plus performants mais aussi toujours plus petits et légers. Dans une autre aile de l’entreprise, une centaine d’opérateurs s’affairent à la réalisation des plusieurs dizaines de millions de composants qui sont posés chaque année, pour des cartes électroniques toutes cryptées. Certains d’entre eux, dont la pose est assistée par un robot, sont aujourd’hui « plus petits qu’une poussière ». « Si ces cartes tombent dans des mains ennemies, nous devons pouvoir effacer les éléments qui la composent », note Jean-Pascal Laporte. Des enjeux de miniaturisation qui font d’ailleurs partie des projets sélectionnés par le Fonds européen de développement régional (Feder), qui vient de verser au site une subvention de 3 millions d’euros.

Pour continuer à mener à bien ses activités, notamment ses tests en situation réelle, Thales prévoit de déménager dans des locaux encore plus vastes d’ici à 2024. Situé à quelques kilomètres de l’emplacement actuel, le nouveau bâtiment dont les travaux doivent prochainement commencer accueillera 600 personnes dans un premier temps, avant de réunir l’ensemble de ses activités en plein essor.