hébergementStrasbourg attaque l’Etat dans sa politique de mise à l’abri des personnes

Strasbourg va attaquer l’Etat « pour inaction et carence en matière de mise à l’abri de personnes »

hébergementAlors que la préfecture du Bas-Rhin vient d’accorder à la ville le recours aux forces de l’ordre pour évacuer le campement de migrants place de l’Etoile, la maire de Strasbourg annonce vouloir intenter une action en responsabilité contre l’État
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Le campement de migrants installé depuis le printemps dernier place de l’Étoile à Strasbourg va être prochainement évacué.
  • La ville de Strasbourg avait annoncé qu’elle ne ferait pas appel de la décision de justice mais rappelle que « ce jugement ne statue pas sur la mise à l’abri des hommes, femmes et enfants présents sur le site du parc de l’Étoile, question pourtant essentielle à la dignité humaine ».
  • Lors d’une conférence de presse ce lundi matin, la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian a annoncé vouloir « intenter une action en responsabilité contre l’État pour inaction et carence en matière de mise à l’abri de personnes ».

Les passes d’armes continuent entre l’Etat et la ville de Strasbourg. Ce lundi matin, la préfecture du Bas-Rhin indiquait dans un communiqué qu’elle « accordait le concours de la force publique » pour évacuer le campement de migrants de la place de l’Étoile. Une réponse donnée à la demande de la maire écologiste Jeanne Barseghian, contrainte par le tribunal administratif de Strasbourg à coopérer avec les services de l’Etat et lui ordonnant l’évacuation du campement.

Rappelons que le juge des référés avait estimé vendredi soir, à la suite du refus de la maire de Strasbourg de faire évacuer le camp alors que les conditions de vies y sont désastreuses, que « la légalité » de sa décision « était sérieusement contestable ». Le juge des référés avait donc enjoint, « compte tenu du fait que la carence de la maire de Strasbourg porte une atteinte grave à la dignité humaine », de faire évacuer le campement dans le délai de trois jours.

Dans la foulée ce lundi matin, Jeanne Barseghian a annoncé lors d’une conférence de presse vouloir intenter « une action en responsabilité contre l’État pour inaction et carence en matière de mise à l’abri de personnes ». Une action qui sera « probablement » portée « très prochainement devant le tribunal administratif », indique la maire sans pouvoir donner plus de précision. La maire écologiste demande ainsi une « mise à l’abri pérenne des personnes évacuées ». La maire appelle « tous les élus et les associations qui sont concernés par cette défaillance étatique, qui fait que les difficultés reviennent aux collectivités et n’ont pas les moyens de les assumer, à se porter également partie civile », avec Strasbourg.

« Pas une opération de nettoyage »

Alors qu’il a été demandé à la ville par la préfète Josiane Chevalier « de procéder à l’enlèvement des tentes et au nettoyage du site dès que l’évacuation des personnes aura été réalisée », la maire a martelé que l’évacuation du campement « n’est pas qu’une opération de nettoyage ». Le jugement du tribunal administratif « ne répond en rien » à la question de la mise à l’abri des personnes. « C’est aussi une raison pour laquelle je ne ferai pas appel de ce jugement car il ne pose pas et ne répond pas à la bonne question, enchaîne la maire. Il parle d’une évacuation, mais pas de la mise à l’abri des personnes et de la responsabilité de l’Etat. »

Soulignant au passage que de nombreux enfants sont présents sur ce campement, l’élue écologiste relève surtout « la fin d’un modèle ». Assure que la France connaît « une crise humanitaire », avec de nombreuses personnes « très vulnérables, malades, qui sont à la rue, sans droits, sans recours » et condamne « la politique migratoire du gouvernement ». « Comme d’autres villes françaises, Strasbourg n’échappe pas à la règle », atteste la maire qui assure que l’Allemagne, qui « pourtant accueille un plus grand nombre de migrants », ne rencontre pas ces problèmes « de campements inhumains ». La maire espère par la même occasion une mise à l’abri de toutes les personnes qui occupent des campements « moins visibles et moins médiatiques », situés tout autour de la ville.



Pour l’heure, Jeanne Barseghian atteste ne « rien savoir » quant à la prise en charge réelle des migrants du campement qui doit être évacué. Des personnes probablement ramenées une « nouvelle fois au centre de Bouxwiller avant de se retrouver encore une fois sans solution puis à la rue », avance la maire. Cette dernière a également tenu à rappeler les limites auxquelles la ville était confrontée : « On est au bout de nos capacités humaines et financières, nos moyens ne suffisent pas à répondre à cette grande détresse ». En attendant une évacuation qui pourrait arriver « dans les prochaines 24 heures », selon l’élue.