mobilisationDes manifestations partout en France contre les violences sexistes

Violences sexistes : Manifestations dans plusieurs villes contre l' « impunité » des agresseurs

mobilisationCinq ans après l’émergence du mouvement #MeToo, près de 90 associations, syndicats ou partis de gauche ont appelé à un « raz-de-marée dans la rue pour crier [leur] colère »
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Des dizaines de milliers de personnes étaient attendues dans la rue samedi dans toute la France pour dénoncer les dysfonctionnements de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et notamment réclamer une « loi-cadre » contre l' « impunité » des agresseurs.

Cinq ans après l’émergence du mouvement #MeToo, près de 90 associations, syndicats ou partis de gauche ont appelé à un « raz-de-marée dans la rue pour crier notre colère ».



A Paris, plusieurs milliers de personnes ont commencé à défiler vers 14h30 de la place de la République vers celle de la Nation, a constaté un journaliste de l’AFP. « Nous sommes fortes, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère », scandaient des manifestantes, tandis que d’autres criaient « MeToo partout, justice nulle part ».

La banderole de tête affichait : « féministes unies contre les violences sexistes et sexuelles ». Sur des pancartes, uniformément violettes, la couleur emblématique du rassemblement, on pouvait lire notamment « mâle dominant, pour qui tu te prends ? », « stop à la culture du viol » ou encore « croire les victimes sauve des vies »

Manifester pour « rendre hommage aux victimes »

Les organisatrices entendaient particulièrement dénoncer le fait que face aux violences sexistes et sexuelles, qui « trouvent racine dans le patriarcat », « les institutions ne sont pas à la hauteur ». « Ce qui nous met en colère, c’est l’impunité des agresseurs et le mauvais traitement réservé aux victimes » lorsqu’elles déposent plainte, explique à l’AFP Maëlle Noir, membre de #NousToutes qui coordonne l’organisation des défilés.

« Nous manifestons aujourd’hui pour rendre hommage aux victimes », a insisté de son côté Sandrine Bouchait, de l’Union nationale des familles de féminicides (UNFF), pour qui « les féminicides, c’est le sommet de la pyramide des violences sexuelles et sexistes » et dont l’association réclame pour les proches « un statut de victimes avec un accompagnement psychologique et financier ».

Plus généralement, les associations réclament un budget public de deux milliards d’euros par an, mais aussi une « loi-cadre » qui instaurerait notamment des « brigades et juridictions spécialisées », une aide financière pour la « mise en sûreté » des femmes victimes, 15.000 places d’hébergement supplémentaires dédiées ou encore le renforcement de l’éducation à la vie sexuelle et affective à l’école.

Des manifestations dans plusieurs villes de France

Interrogée sur ces revendications, la ministre chargée de l’égalité hommes/femmes, Isabelle Rome, a rappelé sur RMC qu’elle était ouverte à la mise en place d’une police et d’une justice spécialisées, sujet sur lequel planche une mission parlementaire.

Quant aux moyens financiers, « ils n’ont cessé d’augmenter », pour atteindre « un montant global de 2,4 milliards » d’euros, a-t-elle observé, reconnaissant que ces sommes ne sont « pas spécifiquement » dédiées à la lutte contre les violences, mais incluent des champs plus larges, comme l’éducation et « l’égalité économique ».

Outre Paris, des manifestations - organisées en amont du 25 novembre, journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes –, sont prévues à Marseille, Nice, Toulouse, Lille, Strasbourg, Rennes, Nancy ou Dijon, notamment. La manifestation parisienne avait rassemblé 50.000 personnes l’an dernier selon les organisateurs (18.000 selon la police).

Exaspération toujours vive

Un an après, l’exaspération des organisations féministes est toujours aussi vive, alimentée par le nombre élevé de féminicides - déjà 100 depuis le début de l’année d’après un collectif associatif, contre 122 l’an dernier selon les chiffres officiels –, et par la frilosité du monde politique à écarter certains responsables accusés de violences envers les femmes.

Les partis EELV et LFI « ont signé notre appel à manifester. On va leur demander aujourd’hui de respecter leur signature » et de « retirer de leur groupe parlementaire des hommes mis en cause pour violences », a déclaré Pauline Baron, de #NousToutes, en citant les cas d’Adrien Quatennens (LFI) et Julien Bayou (EELV).

Les faits dénoncés sont pourtant de plus en plus nombreux : entre 2017 et 2021, le nombre de viols ou tentatives de viols enregistrés par le ministère de l’Intérieur a doublé, passant de 16.900 à 34.300. Les victimes ont davantage tendance à dénoncer des faits anciens, explique le ministère, qui y voit aussi le signe de la « libération de la parole ». Une expression qui exaspère désormais les associations, car « les femmes ont toujours parlé, mais elles ne sont pas écoutées », pointe Maëlle Noir.