CroissantLe Duff s’impatiente face à la contestation de son usine de boulangerie

Bretagne : Le coup de gueule de Le Duff face à la contestation de son usine de boulangerie

CroissantLe puissant patron de l’agroalimentaire critique la lenteur du projet de construction de son usine de viennoiseries Bridor à Liffré
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Muet depuis le début de la contestation autour de son usine de boulangerie industrielle à Liffré (Ille-et-Vilaine), Louis Le Duff fait part de son impatience.
  • Dans un communiqué, il critique un « combat politique et idéologogique » mené par des candidats aux législatives qui ralentirait son projet.
  • Jugé trop gourmande en eau par ses opposants, l’usine promet de faire travailler 500 personnes à l’horizon 2027.

On désespérait d’avoir un jour quelques mots du groupe Le Duff au sujet du projet d’usine de boulangerie qu’il porte sur la commune de Liffré, tout près de Rennes (Ille-et-Vilaine). Critiqué par certains pour son impact environnemental et sa consommation en eau, le projet de la marque Bridor est dans le même temps applaudi par des élus locaux qui vantent le savoir-faire industriel de Le Duff et la création de 500 emplois. Récemment, des agents de l’État ont pris la défense du projet, expliquant qu’il avait « largement évolué » sur le plan environnemental. Mais une opposition s’est constituée localement.

Régulièrement sollicité, l’empire de la viennoiserie industrielle « à la française » n’avait jamais répondu à nos sollicitations. Il a enfin choisi de s’exprimer par la voie d’un simple communiqué, qu’il a d’abord envoyé aux deux poids lourds de la presse bretonne. Dans ce texte, le sulfureux patron Louis Le Duff laisse transpirer son impatience face au retard pris par son usine. « Malgré un démarrage du projet en 2017, il n’y aura pas d’ouverture avant 2027 au plus tôt ! Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre dix ans pour que nos projets industriels aboutissent ! », lance le fondateur du groupe, qui ajoute que ses concurrents allemands « mettent deux ans à construire ».

Le patron dézingue des candidats aux élections

Pour expliquer le temps long de cette implantation, l’influent patron breton fournit même sa propre explication. « Le combat politique et idéologique en Bretagne depuis les deux dernières élections a bloqué le démarrage de l’usine Bridor à Liffré. » Dans un astérisque, il ose même donner des noms. Selon lui, la contestation du projet serait née d’un combat « entre Thierry Burlot, candidat battu aux élections régionales de Bretagne soutenu par LREM, et la candidate EELV Claire Desmares-Poirrier, contre le président socialiste de la région, Loïg Chesnais-Girard ». Ce dernier, ancien maire de Liffré, a fait savoir qu’il était favorable au projet mais se montre discret pour le soutenir. Les deux autres y sont opposés.


Faisant face à une demande croissante des hôtels quatre et cinq étoiles pour ses viennoiseries industrielles, le groupe Le Duff a racheté deux sites aux Etats-Unis et au Portugal. Il en construit un troisième en Allemagne. « Avec ces trois acquisitions, Bridor disposera d’une capacité de production permettant pour le moment de faire face à la demande », précise le groupe, qui espère toujours ouvrir son usine bretonne en 2027. Présent dans plus de 100 pays dans le monde, Bridor représentait en 2019 près de la moitié des deux milliards d’euros de chiffre d’affaires du groupe Le Duff, également propriétaire des marques Del Arte, La Brioche Dorée et Le Fournil de Pierre. Il emploie plus de 35.000 personnes dans le monde.