RECONSTRUCTIONQuand des faux couvreurs tentent de profiter de la tornade

Tornade dans le Pas-de-Calais : Quand des faux couvreurs tentent de profiter de la situation

RECONSTRUCTIONDans le village d’Hendecourt-lès-Cagnicourt, fortement touché par la tornade, les toitures endommagées attisent certaines convoitises
Gilles Durand

Gilles Durand

A Hendecourt-lès-Cagnicourt, on panse les plaies. Ce village de 300 habitants du Pas-de-Calais fait partie des deux communes les plus touchées (avec Bihucourt) par la tornade, le dimanche 23 octobre. Il a été éventré sur une bande de 100 m de large, laissant curieusement intacte une maison fissurée qui menace pourtant de s’effondrer depuis près de six ans.

Une semaine plus tard, le nettoyage est quasiment terminé, et les toitures des maisons ont presque toutes été bâchées, à défaut d’être définitivement réparées. Heureusement, car un épisode de vents violents, dû à la dépression Claudio, est annoncé pour la nuit de lundi à mardi.

« Davantage de couvreurs que d’habitants »

« Le lendemain de la catastrophe, il y avait davantage de couvreurs que d’habitants dans le village », ironise Jean-Claude, un quinquagénaire qui avait vu, la veille, la voiture de sa sœur se retourner au milieu de la route. Et parmi les entreprises qui proposaient leurs services pour colmater rapidement les trous dans les toits, certaines étaient surtout là pour escroquer les victimes.

« Quand j’ai appris que certains demandaient de l’argent tout de suite pour faire les travaux, j’ai demandé à la gendarmerie d’intervenir pour contrôler, raconte Denis Sénéchal, le maire de la commune. Car pour bâcher 5 m2 de toiture, il en coûte près de 2.000 euros et, normalement, c’est pris en charge par l’assurance sans avoir besoin d’avancer des frais ».

Mais dans la détresse, des propriétaires auraient pu se laisser berner. Car, selon l’élu, au moins une équipe de faux couvreurs s’est fait verbaliser par les gendarmes. « Il y avait même un autoentrepreneur qui venait de Lambersart, près de Lille. Il a fallu surveiller tout ça de près », poursuit-il. Contacté sur le sujet, le groupement de gendarmerie départemental n'a pas souhaité répondre.

Sans eau ni électricité

Un souci supplémentaire dont le maire se serait bien passé. Car lundi dernier, après le passage de la tornade, le village s’est retrouvé, pendant vingt-quatre heures, coupé du monde, sans eau ni électricité. « Les pompes du château d’eau ne fonctionnaient plus et un câble électrique haute tension de 20.000 volts était au sol, empêchant de déblayer les rues », précise-t-il.


Mais aujourd’hui, c’est surtout la solidarité et l’entraide des habitants dont le maire veut se souvenir. « Tout le monde est venu donner un coup de main. La communauté de communes a mis des bennes à disposition pour débarrasser les gravats et il y a eu des gestes forts. Le boulanger de la commune d’à côté, à Vis-en-Artois, par exemple, a offert un pain aux personnes d’Hendecourt qui se sont présentés chez lui, le lundi. »

Douloureux souvenirs

Si la commune a retrouvé un aspect normal, le bilan des dégâts est impressionnant. « On a récupéré des morceaux de toiture à plus de 2 km, au milieu des champs. Un toit de 40 m2 en fibrociment, qui s’est entièrement envolé, n’a toujours pas été retrouvé », déplore Denis Sénéchal qui reconnaît avoir « beaucoup de chance de ne compter aucun blessé ».

Ainsi, le phénomène a réveillé certains souvenirs douloureux chez les plus âgés. Il y a cinquante-cinq ans, le 24 juin 1967, une tornade de force F5 (le maximum) avait épargné Hendecourt, mais endeuillé les villages voisins, notamment Riencourt-lès-Cagnicourt. Une octogénaire, Jeanine, se souvient. « On voyait, à travers les fenêtres, les matelas qui volaient. C’était terrifiant ». Bilan de cette soirée cauchemardesque : 7 morts et 600 maisons détruites dans une dizaine de communes.