Toussaint : Un drone pour disperser les cendres des défunts
Dernier voyage•Une entreprise tarnaise propose depuis un an un service de dispersion des cendres par drone qui a déjà séduit plus d’une vingtaine de famillesHélène Ménal
L'essentiel
- Depuis un an, une société tarnaise propose un service de dispersion des cendres par drone après la crémation.
- Ses engins opèrent pour l’heure dans la Montagne Noire, près de Toulouse. Mais les proches peuvent aussi choisir un endroit précis, du moment qu’il est privé.
- Le choix de Terra Ciela par les proches dit souvent beaucoup du défunt.
Concessions digitales, forêts pour repos éternel… Le monde du funéraire a beau être très conservateur, il ne reste pas figé pour l’éternité. Et depuis un an, dans les salons spécialisés, Terra Ciela, une petite entreprise tarnaise, suscite plus la curiosité que l’animosité. Elle propose de disperser les cendres des défunts par drone. « Les entreprises de pompes funèbres ont besoin de nouveautés pour se démarquer les unes des autres et nous ne concurrençons personne car nous n’organisons pas de cérémonie, plutôt un cérémonial, qui vient après, avec trois à six intimes au maximum », explique Franck Siguier, le fondateur de Drones Pluriel.
La PME castraise est plus connue pour former les télé-pilotes ou encore fournir des images aériennes à des offices de tourisme. L’idée de la filiale funéraire est venue « dans un couloir », au détour d’une conversation avec un professionnel. Quelques mois plus tard, Franck Siguier avait breveté une urne apte au vol, « légère, en carton ». Il avait aussi lancé son étude de marché pour s’apercevoir qu’à part en Australie, en Espagne pour la dispersion par avion, le service cinéraire par drone était un créneau à prendre. Et surtout il avait potassé la réglementation. En France, il est interdit de disperser des cendres dans un lieu public, un plan d’eau ou un cours d’eau. C’est possible en revanche en pleine mer ou sur un terrain privé, du moment que le propriétaire a donné son accord.
Bientôt une vue sur le Mont Saint-Michel
Pour l’heure, les télé-pilotes de Terra Ciela, sobrement vêtus, lancent leur drone depuis un promontoire situé dans la Montagne Noire au-dessus de la parcelle d’un particulier. « Nous sommes aussi en négociation pour un terrain situé en face de la baie du Mont Saint-Michel », assure Franck Siguier qui a l’intention d’en trouver d’autres « dans toute la France ».
Depuis un an « plus de vingt familles » ont recouru aux drones pour le dernier adieu, En optant pour un créneau disponible dans la Montagne Noire, pour 390 euros, ou 750 euros avec le film souvenir. Mais il existe une « formule premium » pour faire voyager l’urne sur un lieu privé de son choix. « Un vigneron du coin a souhaité être dispersé au-dessus de ses vignes », par exemple.
Amateurs de chasse, pilotes, ou jeunes partis trop tôt, en choisissant la pleine nature, le ciel ou la technologie, les proches, au-delà de l’originalité, cherchent surtout un symbole qui dit beaucoup des disparus.
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