Alsace : Pour entraîner les chasseurs avec leurs armes, il existe un « simulateur de battues » sur écran
Prévention•Depuis 2009, la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin met à disposition de ses adhérents un « cyné’tir ». Ils peuvent ainsi améliorer leur précision au tir face à un écran géant et, peut-être, éviter des accidentsThibaut Gagnepain
L'essentiel
- Dans le Bas-Rhin, la Fédération des chasseurs met à disposition de ses adhérents un « cyné’tir », un centre pour s’entraîner au maniement de son arme.
- Ces tirs s’effectuent dans un bâtiment, précisément dans un couloir d’environ 35 mètres de longueur où un film de battue est projeté.
- « Ce n’est pas un jeu vidéo, c’est vraiment complémentaire par rapport à l’acquis du chasseur », explique le président de la Fédération Frédéric Obry
Un délit d’alcoolémie, des demi-journées sans activité… Le gouvernement a présenté mardi une « feuille de route pour améliorer et garantir la sécurité à la chasse ». Autre mesure envisagée, interdire les tirs dans un rayon de 30 degrés à gauche et à droite des chasseurs. « Mais ça, on le fait depuis longtemps », réagit Frédéric Obry, le président de la Fédération du Bas-Rhin (FDC 67). « C’est comme les gilets rouges, nous avons été les premiers à les imposer, c’était il y a une vingtaine d’années. »
Son organisation a également été novatrice avec un outil bien particulier : le « cyné’tir ». Pas illogique, le concept est très répandu en Allemagne voisine. « Là-bas, les chasseurs ont l’obligation de valider en stand de tir leurs compétences pour garder leur arme », complète Alexandre Derrez, le directeur de la FDC 67.
En France, aucun passage par ce grand hangar n’est requis. Seulement conseillé. « Ça permet de tirer plus proprement et efficacement », explique le même interlocuteur avant justement d’entrer dans le bâtiment situé à l’entrée de Geudertheim, à une vingtaine de kilomètres au nord de Strasbourg.
Qu’y trouve-t-on ? Des petites salles, une machine à café et surtout le fameux « cyné’tir ». Soit un couloir d’une dizaine de mètres de largeur sur environ 35 mètres de profondeur. Avec, au fond, un écran en papier où sont projetés de courts films. Pas n’importe lesquels : des séquences avec des sangliers en pleine nature. Qui mangent tranquillement, qui traversent une route, ici dans la neige, là en plein automne… « On peut mettre n’importe quoi, on doit avoir une centaine de films différents pour aborder toutes les conditions de tir imaginables », précise Christian Wolff, opérateur sur le site.
Avec trois collègues, il accueille régulièrement des adhérents de la FDC 67 (ou des licenciés de la Fédération française de tir, aussi autorisés) qui souhaitent s’entraîner. L’outil est conçu pour ça. « Ça permet de tirer plus proprement et efficacement une fois que nous sommes sur le terrain », reprend Alexandre Derrez. « En plus, les pratiquants peuvent venir avec leur arme, comme ça, ils la prennent mieux en main. »
« Ça met dans des conditions réelles »
Comme Jean-Luc, croisé ce mercredi matin sur le parking. Lui est venu régler sa carabine au tunnel voisin mais est déjà passé « deux fois » au « cyné’tir ». « C’est vraiment très bien, ça met dans des conditions réelles et ça fait progresser. Je crois que je ne pourrais pas aller en battue sans ça », assure le « jeune chasseur ».
Grâce aux huit caméras infrarouges, le tireur, seul dans cette grande pièce, sait en temps réel où sa balle s’est logée. Le film s’arrête un instant et un rond rouge apparaît sur l’écran géant. Juste derrière lui, dans le petit local équipé de verrières blindées, ses accompagnateurs peuvent aussi constater, ou non, sa précision sur télévision. Car le « cyné’tir » se réserve pour un créneau d’une heure, contre 80 euros. Chaque personne se relaie ainsi, à raison de trois ou quatre balles par chargeur. Avec, toujours l’opérateur qui veille au bon déroulement des opérations.
« On a déjà eu des demandes pour des enterrements de vie de jeune fille ou de garçon mais ce n’est pas le but. Ce n’est pas un jeu vidéo, c’est vraiment complémentaire par rapport à l’acquis du chasseur », insiste le président de la Fédération Frédéric Obry. « Il y en a d’autres en France mais je souhaiterais un maillage encore plus important. Tous les chasseurs ont besoin de s’exercer ! »
Dans ses souvenirs, aucun accident mortel n’a été à déplorer dans le Bas-Rhin « au moins ces trente dernières années ».
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