Espace : Quand un satellite traverse l’océan dans le ventre d’un avion baleine
Traversée•Airbus a reconverti ses « vieux » Béluga en une compagnie de fret hors normes. L’un d’entre eux vient de transporter un satellite entier entre Toulouse et Cap CanaveralHélène Ménal
Un « incroyable voyage » dans le ventre d’un Béluga. Airbus annonce l’arrivée, samedi, en Floride, quasiment sur le pas de tir de Cap Canaveral, de son nouveau satellite de télécommunication Hotbird 13G. Pour ce bijou de technologies, pas de longue traversée en bateau et pas de transport en pièces détachées. Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, pour relier, en trois jours et quatre escales, Toulouse et Orlando, l’énorme container du satellite a fait le trajet en avion, avec la compagnie « Airbus Béluga transport ».
Cette nouvelle filiale pour gabarits hors normes, lancée au début de l’année par l’avionneur, utilise ses fameux Béluga ST, les avions-cargos « à bosse » qui, pendant plus de vingt ans, lui ont servi à déplacer en interne des tronçons d’avions. Poussés à la retraite par une nouvelle génération de Béluga encore plus gros, les cinq fameux avions-baleines ont donc mis le cap sur la reconversion.
De quoi s’émanciper de l’Antonov russe
« Nous offrons une possibilité unique sur le marché du transport aérien, avec des avions qui restent économes en carburant », explique Benoît Lemonnier, le patron de la compagnie. Airbus vise le fret hors normes dans le domaine commercial, mais aussi humanitaire et militaire. Dans un contexte de guerre en Ukraine, l’avionneur offre aux Européens la possibilité d’une « autonomie » par rapport aux fameux Antonov russe, l’autre mastodonte du secteur. « Le soutien d’Airbus a l’autonomie européenne est souligné par le transport de notre satellite dans le fameux Béluga, un véritable exemple de synergies airbusiennes », relève Jean-Marc Nasr, le responsable des systèmes spatiaux chez Airbus.
Atouts stratégiques, les « vieux » Béluga sont aussi brandis comme un symbole de la décarbonation de l’aviation puisque le voyage vers la Floride s’est effectué « avec 30 % de carburant durable ».
Cela faisait douze ans qu’un Béluga n’avait plus pénétré dans l’espace aérien américain. C’était au moment du transport vers Cap Canaveral de « Tranquility », le module européen de la Station spatiale internationale (ISS).