SOUVENIRUn court hommage émouvant devant le collège de Samuel Paty

Assassinat de Samuel Paty : Un court hommage émouvant devant le collège de l’enseignant

SOUVENIRLe 16 octobre 2020, Samuel Paty était violemment assassiné lors d’une attaque terroriste islamiste perpétrée par Adboullakh Anzorov
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le 16 octobre 2020, la France était sous le choc. Deux ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, près de 300 personnes lui ont rendu hommage devant son collège à Conflans-Sainte-Honorine. L’émotion était palpable dimanche soir, mais les sentiments mitigés : une vingtaine de minutes sont-elles suffisantes pour honorer sa mémoire ?

L’enseignant d’histoire-géographie a été décapité à l’âge de 47 ans près de son collège dans les Yvelines par un jeune radicalisé qui lui reprochait d’avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Comme l’ensemble de la classe politique ce week-end, le président Emmanuel Macron lui avait rendu hommage dans la matinée en twittant : « A la Liberté, à l’Egalité, à la Fraternité. A Samuel Paty ».

Ne pas « oublier », ni « pardonner »

Devant le collège du Bois d’Aulne et ses grandes grilles de sécurité vertes, trois tentes blanches ont été dressées. Sous l’une d’entre elles, le peintre Rénald Zapata réalise une performance live en reproduisant le visage de l’enseignant, donnant des coups de pinceaux au rythme des notes jouées par quatre flûtistes.

« Nous avons séché nos larmes, nous avons pansé nos blessures, repris le cours de nos vies sans pour autant oublier ou pardonner », déclare dans son discours le maire de la ville Laurent Brosse, aux côtés de parlementaires. « Nous devons plus que jamais chérir et préserver notre liberté », dit encore l’édile, visiblement très ému.

Pour Marion, dont la fille était au collège du Bois d’Aulne, l’hommage était « très joli, mais très court ». « Le dessin était émouvant, le discours intéressant… Mais il manquait quelque chose ». « Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, mais ma fille aussi m’a dit : "ça a pas servi à grand-chose". Et pourtant, je ne vois pas ce qu’ils auraient pu faire de plus », confie-t-elle.

« Les professeurs sont tristes »

Comment continuer de faire perdurer sa mémoire, deux ans après ? Que dire de plus ? Ilyes, ancien élève de Samuel Paty désormais lycéen, aimerait des hommages plus fréquents. Sa sœur Assya, en troisième au collège, n’est par contre pas d’accord. Depuis l’attentat, « l’ambiance générale est vide au collège, les professeurs sont tristes », raconte-t-elle. « C’est bien de lui rendre hommage, mais après si on le fait trop souvent, ça va devenir de plus en plus lourd. »

A leurs côtés, leur mère note qu’il y a moins de monde, moins de caméras… Moins d’intérêt ? « L’effet à chaud et médiatique est peut-être malheureusement passé, mais je reconnais beaucoup de visages conflanais aujourd’hui », dit celle qui veut y voir « un hommage plus sincère ». En tout cas, ce dernier parvient à toucher au-delà de ceux qui l’ont connu. Margaux, 10 ans, est venue avec son père. « Ça avait l’air d’être une personne bien », résume-t-elle, après le discours du maire. Surtout, Margaux a été marquée par la dizaine d’oiseaux qui ont volé au-dessus du collège quand la cérémonie se clôturait. Dans ses yeux d’enfant, elle a vu « Samuel passer avec eux ».