MADE IN FRANCE« Un grand gâchis »… Les caisses vides, la Coop des masques liquidée

Bretagne : « Un grand gâchis »… Les caisses vides, la Coop des masques liquidée

MADE IN FRANCELa société coopérative bretonne avait été lancée début 2021 pour fournir des masques chirurgicaux et FFP2
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • La Coop des masques, société coopérative bretonne lancée début 2021 pour fournir des masques chirurgicaux et FFP2, a été liquidée mercredi par le tribunal de commerce de Saint-Brieuc.
  • Ses dirigeants en veulent à l’Etat et à certains sociétaires qui « n’ont pas joué le jeu » et ont passé commande en Asie.
  • Après la décision de liquidation judiciaire, 13 salariés vont se retrouver au chômage.

L’aventure n’aura même pas duré deux ans pour la Coop des masques. Lancée début 2021 dans la zone industrielle de Grâces près de Guingamp (Côtes-d’Armor), l’usine de fabrication de masques chirurgicaux et FFP2 vient d’être placée en liquidation judiciaire mercredi par le tribunal de commerce de Saint-Brieuc. Depuis plus d’un an, la menace planait sur la société coopérative bretonne qui croulait sous les stocks en raison de la concurrence asiatique. Après avoir évité de peu un dépôt de bilan, la Coop des masques avait été placée en redressement judiciaire le 23 février.

Elle n’a depuis pas réussi à redresser la barre avec une trésorerie toujours dans le rouge et des pertes s’élevant à environ 1,5 million d’euros. « On s’attendait malheureusement à cette décision donc ce n’est pas vraiment une surprise », regrette Patrick Guilleminot. Le directeur général de la Coop des masques n’en reste pas moins amer. « C’est un grand gâchis, un scandale même car certains de nos sociétaires n’ont pas joué le jeu, préférant acheter au moins-disant », balance-t-il.

L’Etat et certains sociétaires n’ont pas joué le jeu

Il pointe notamment du doigt le groupe mutualiste VYV (Harmonie Mutuelle, MGEN…) qui avait investi 300.000 euros dans le projet. « Et au final, ils n’ont acheté que pour 20.000 euros de masques, préférant acheter des masques chinois à bas coût », indique-t-il. L’État en prend aussi pour son grade. « C’est sans doute le premier fautif car ses achats se font principalement en Chine », assure Christophe Wincker, président du conseil d’administration.

Le mois dernier, la Coop des masques avait ainsi perdu le marché de la préfecture de Paris au profit d’importateurs chinois. La même décision avait été prise par l’armée courant mai. « En aidant à la réindustrialisation de la France pour la production de masques, tout en favorisant le déferlement sur le marché des masques chinois à bas coût, sans même en contrôler ni la qualité ni les conditions sociales de production, l’État a provoqué de graves difficultés économiques conduisant à de nombreuses fermetures d’atelier ainsi que des faillites », analyse Christophe Winckler.

Treize salariés sur le carreau

En l’absence de commandes, l’argent manquait donc dans les caisses de la Coop des masques. Mais la trésorerie a aussi été plombée par un lourd investissement d’environ quatre millions d’euros pour acquérir une machine fabriquant du meltblown, le tissu filtrant utilisé pour produire des masques. Livrée il y a un an, la machine n’est finalement jamais sortie des cartons faute d’argent pour la mettre en route. « Et nous n’avons pas réussi à trouver un repreneur pour cette machine », déplore Patrick Guilleminot.

La Coop des masques liquidée, 13 salariés se retrouvent donc sur le carreau. « C’est d’autant plus désolant que nous avions recruté en CDI bon nombre de travailleurs qui avaient besoin de se réinsérer dans le milieu du travail », estime Christophe Winckler, saluant « leur mobilisation exemplaire. »