Montpellier : Grâce au Carillon, les sans-abri trouvent un peu de réconfort dans certains commerces
SOLIDARITE•Malgré les crises successives, la solidarité ne cesse pas auprès des cafés, des restaurants et des magasins qui adhérent à cette démarcheNicolas Bonzom
L'essentiel
- L’association La cloche a lancé un réseau de commerces solidaires, où les sans-abri peuvent boire un café, recharger leur téléphone ou imprimer des documents.
- Ces commerces sont identifiables grâce à de petits carillons bleus, sur la vitrine.
- Et, malgré les crises successives, il y a une véritable solidarité, se réjouit l’association. « On a des commerçants qui nous contactent, spontanément, pour adhérer au dispositif », explique Morgane Pagès, sa directrice régionale.
Peut-être avez-vous repéré, sur les vitrines de l’Ecusson, à Montpellier (Hérault), de petits carillons bleus. Ce symbole est apposé sur les devantures des cafés, des épiceries ou des restaurants qui adhèrent à l’opération de solidarité, portée par l’association La cloche, qui œuvre pour les sans-abri. Dans ces commerces, les personnes dans le besoin savent qu’elles peuvent trouver un peu de réconfort, un café ou un verre d’eau, qu’elles ont la possibilité d’accéder aux toilettes, utiliser le wifi, imprimer ou photocopier des papiers administratifs, réchauffer un plat au micro-ondes, etc. Tout ça, gratuitement.
Le dispositif, baptisé Le carillon, qui existe depuis cet hiver à Montpellier, a été lancé en 2014 à Paris, « en partant du constat de l’isolement, et du rejet, dont les personnes sans domicile souffrent », confie Morgane Pagès, directrice de La cloche en Occitanie.
« Favoriser l’envie des commerçants à intégrer ce réseau »
Aujourd’hui, à Montpellier, 14 commerces ont apposé les petits carillons bleus sur leurs vitrines, principalement dans l’Ecusson. Il y a des cafés, des restaurants, mais aussi une librairie ou un magasin de jeux. L’association La cloche espère que d’autres boutiques, notamment dans le quartier Beaux-Arts, seront bientôt séduites par ce dispositif.
Mais est-il facile pour La cloche de convaincre des commerçants d’ouvrir leurs portes à des sans-abri ? « Cela nécessite du travail, nous allons à la rencontre des commerçants, pour leur parler de l’association, et de ce projet, poursuit la directrice régionale de La cloche. Certains y voient une opportunité d’être solidaire, grâce à leur commerce. D’autres ne sont pas intéressés, mais nous n’allons pas forcément chercher à les convaincre. L’idée, c’est de favoriser l’envie des commerçants d’intégrer ce réseau. »
La crise sanitaire a eu tendance « à renforcer l’envie d’être solidaire »
Cela peut se faire, aussi, étape par étape. En « proposant deux ou trois services, au départ. Si les commerçants voient que cela se passe bien, et que des liens se tissent, avec la population », ils peuvent s’engager un peu plus encore. Pour Morgane Pagès, la crise sanitaire qui a ébranlé la société ces dernières années a d’ailleurs eu tendance à « renforcer l’envie d’être solidaire ». « On a des commerçants qui nous contactent, spontanément, pour adhérer au dispositif », explique la représentante de l’association.
NOTRE DOSSIER SUR LA SOLIDARiTé
Dans la rue Saint-Guilhem, à Montpellier, le Café Solo fait partie de ce réseau de commerçants solidaires. Les clients ont la possibilité de payer un café supplémentaire, 1,50 euro, un « café suspendu », qui sera offert à une personne sans-abri. « Le Carillon n’a fait que mettre au goût du jour quelque chose qui existait déjà, depuis longtemps, au Café Solo, confie sa gérante, Jessica. On a toujours offert des cafés, aux personnes qui faisaient la manche, dans la rue. Avec cette petite affiche, à l’entrée du café, ça sensibilise plus les clients, qui se disent "Ah, tiens, on va peut-être aussi penser à eux" ».
Jessica n’a pas hésité une seule seconde à adhérer au dispositif, et à ouvrir ses portes aux personnes dans le besoin. « Les relations humaines, déjà, dans notre société actuelle, sont un peu compliquées, confie-t-elle. Si, en plus, on rejette les personnes dans la misère, on creuse encore un peu plus l’écart. C’est juste horrible. Ce sont des personnes comme vous et moi, on ne sait pas ce qu’il s’est passé dans leurs vies. »
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