Réforme des retraites : Edouard Philippe plaide pour un report de « l'âge légal à 65, 66 ou 67 ans »
Dossier brûlant•L’ancien Premier ministre exhorte l’exécutif à « bouger beaucoup » sur les retraites20 Minutes avec AFP
L’ancien Premier ministre persiste et signe sur ce dossier brûlant. Edouard Philippe a appelé samedi l’exécutif à « bouger beaucoup » sur les retraites, plaidant de nouveau pour un report de l’âge de départ, à 65 voire 67 ans, dans un entretien au Parisien. « J’ai toujours dit que je considérais qu’il fallait bouger sur les retraites, bouger beaucoup », a-t-il déclaré, rappelant avoir parlé dès l’an passé « d’un report de l’âge légal à 65, 66 ou 67 ans ». « Mon objectif n’est pas de plaider pour la solution la plus dure afin d’emmerder le monde », assure le patron du parti Horizons, qui forme l’aile droite de la majorité.
« Tous les pays de l’Union européenne sont confrontés au même vieillissement de leur population que nous. Qu’ils soient libéraux, démocrates-chrétiens, sociaux-démocrates, ils ont tous choisi la solution de reporter l’âge de départ à la retraite », souligne-t-il encore, citant les exemples de l’Allemagne et l’Italie qui « ont choisi 67 ans ». « Je ne sais pas par quel miracle de l’esprit on pourrait être dans une situation radicalement différente de celle de nos voisins », argue encore l’ancien pensionnaire de Matignon, qui avait lui-même tenté de conduire une réforme des retraites, avant qu’elle ne soit interrompue par le Covid-19.
Vers un décalage progressif de l’âge de départ à 65 ans
Suivant une promesse de sa campagne de réélection, Emmanuel Macron a affirmé son intention de mener rapidement une réforme des retraites, pour une application dès l’été 2023, avec un décalage progressif de l’âge de départ à 65 ans. « Si on fait 65 ans et que cela marche, cela me va très bien », assure Edouard Philippe. « Et si on part plus tard, on doit améliorer le dispositif en introduisant plus de justice, et en prenant bien sûr en compte les longues carrières », poursuit-il. Selon Edouard Philippe, exprimant son inquiétude face à « un déficit important et une dépense publique qui progresse », une réforme des retraites est l’une des pistes qui doit permettre de limiter l’endettement de la France.
Dans cette perspective, l’ex-Premier ministre observe que l’exécutif a fixé « un retour à 3 % (du PIB) de déficit vers 2027 ». « Nous sommes le seul pays à se fixer ce cap. Les autres ont un objectif 2025 », note-t-il. « On dépense toujours plus sans que nos concitoyens aient le sentiment que ça va beaucoup mieux », appuie encore Edouard Philippe, appelant notamment à revoir la politique du logement qui est, selon lui, « devenue largement inefficace et donc largement trop chère pour ce qu’on en obtient. »
Objectif : Horizons 2027 ?
Interrogé sur la politique migratoire, l’ancien Premier ministre estime qu’établir des « quotas par professions » lui paraît « parfaitement envisageable ». « On a besoin de compétences, de faire venir des gens. Même avec un taux de chômage à 7 %, on peine à recruter dans certains domaines », fait-il valoir. Donné parmi les prétendants à la présidentielle de 2027, Edouard Philippe s’insurge contre « l’espèce de dinguerie collective » qui consiste à être « totalement dans l’instant, la personnalisation ».
« Moi, je ne brûle jamais les étapes », rétorque-t-il, tout en reconnaissant que « se préparer n’est jamais inutile ». « J’ai compris qu’en 2024, Renaissance choisirait la façon de déterminer son candidat. Le moment venu, Horizons aussi, et je pense que chez nous, il n’y aura pas de primaire », glisse-t-il. Concernant Horizons, qui tiendra un congrès « au premier trimestre 2023 », Edouard Philippe revendique de rassembler « presque 20.000 adhérents payants » un an après sa création, « plus de 380 maires » et « plus de 500 comités municipaux ».