Le gouvernement autorise des chasses traditionnelles à l’alouette
Chasse•Les alouettes risquent de perdre des plumes puisque plusieurs arrêtés viennent d’autoriser le retour de formes traditionnelles de chasse20 Minutes avec AFP
Alouette, gentille alouette… Le gouvernement a de nouveau autorisé des formes traditionnelles de chasse de l’alouette des champs, à l’aide de cages et de filets, dans plusieurs départements du sud-ouest. Une décision inscrite dans une série de textes publiés vendredi au Journal officiel, et qui risque de contrevenir au droit européen.
La capture de ces oiseaux « à l’aide de paires de filets horizontaux (« pantes ») constitue une exploitation judicieuse de petites quantités d’oiseau », indique un premier arrêté. « Elle n’est autorisée que dans les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques du 1er octobre au 20 novembre. »
Un deuxième arrêté précise le nombre de captures autorisées avec des pantes pour la saison 2022-2023, soit jusqu’à 56.672 dans les Landes. Un autre texte autorise cette fois la chasse à l’aide de cages pièges (« matoles »), « dans des conditions strictement contrôlées », dans les Landes et le Lot-et-Garonne, du 1er octobre au 20 novembre. Un arrêté précise enfin le nombre d’alouettes qui peuvent être ainsi capturées, soit quelques milliers pour la saison de chasse.
Recours en référé de la LPO
Des mesures dénoncées par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) dans un communiqué : « Le gouvernement fait le choix de la récidive en reprenant des arrêtés qu’il sait illégaux. Et, comme à son habitude, il les publie la veille de leur application afin de laisser tuer des milliers d’oiseaux le temps que le Conseil d’Etat se prononce sur le recours en référé que la LPO va déposer immédiatement pour demander la suspension de ces arrêtés. »
La directive européenne « oiseaux » de 2009 interdit les techniques de capture massive sans distinction d’espèces. Une dérogation est possible « à condition d’être dûment motivée » et dès lors qu’il n’existe « pas d’autre solution satisfaisante » pour capturer certains oiseaux. En octobre 2021, le juge des référés du Conseil d’État avait suspendu des arrêtés autorisant des chasses traditionnelles. Une décision est désormais attendue sur le fond.
Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, a frontalement critiqué le président Emmanuel Macron à la suite de la publication des arrêtés. « Sa décision de rétablir des pratiques moyenâgeuses affectant une espèce fragile va à l’encontre de ses prétentions et désavoue son propre ministre qui avait garanti attendre le jugement du Conseil d’Etat avant toute décision », estime le responsable.