TRANSPORTs EN COMMUNA Monaco aussi, on incite à préférer le bus en le rendant gratuit

A Monaco aussi, on incite à préférer le bus en le rendant gratuit

TRANSPORTs EN COMMUNLa principauté de Monaco, qui comptabilise près de 100.000 entrées-sorties routières journalières, rend son réseau de bus gratuit pendant deux mois
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • La Principauté doit faire avec un trafic routier très chargé, à cause notamment « des résidents métropolitains qui se rendent à Monaco pour travailler », rappelle Joseph Ségura, le vice-président de Nice Côte d’Azur.
  • Le gouvernement princier rend ses transports en commun gratuits pendant deux mois pour « repositionner les autobus comme le moyen de déplacement à privilégier » et « créer un cercle vertueux permettant d’atteindre les -20 % de trafic intramuros ».

De notre envoyé spécial à Monaco,

A Monaco, il n’y a pas que les limousines des happy few, des hélicoptères et des yachts pour se déplacer. La Principauté doit faire avec un trafic routier très chargé. Venant surtout de l’extérieur. Jeudi, les élus de la métropole Nice Côte d’Azur tentaient d’ailleurs de régler le problème de « l’accroissement constant des difficultés d’accès » à cet état voisin. Deux délibérations ont été votées. Sur la commune de Cap d’Ail, aux portes du Rocher, un giratoire doit être élargi et une trémie doit être percée le long de la RM 6007. Cet axe voit défiler chaque jour 30.000 véhicules, « en majorité des résidents métropolitains, qui se rendent à Monaco pour travailler », rappelle Joseph Ségura, le vice-président de la collectivité française.

Victime de ces bouchons, la Principauté paie donc son attractivité. « Et c’est devenu vraiment très compliqué de circuler », confirme une habitante sur place. Alors d’autres pistes sont également étudiées. Depuis le début de la semaine, le gouvernement princier a rendu ses 75 km de lignes de bus gratuits, y compris celle qui circule de nuit et le bateau-bus qui traverse l’un de ses ports.

Un test sur le mode « l’essayer, c’est l’adopter »

Une expérimentation de deux mois, jusqu’au dimanche 27 novembre, pour « inciter à utiliser les transports en commun afin de fluidifier le trafic, réduire les émissions de gaz à effet de serre et augmenter la qualité de vie des Monégasques, résidents, pendulaires et visiteurs de la Principauté ». Passé cette période, il faudra à nouveau s’acquitter du prix du billet, à 2 euros l’unité.

« L’objectif n’est pas de pérenniser la gratuité des bus mais de déclencher l’envie de les prendre, explique-t-on du côté du gouvernement monégasque. Il s’agit d’une offre commerciale sur le mode "l’essayer, c’est l’adopter" ». D’autant plus que la fréquentation avait baissé, comme ailleurs, depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, de 6.575.295 validations en 2019, à 4.894.374 l’an dernier.



Alors pendant ces deux mois, « nous souhaiterions surtout capter des automobilistes », confirme à 20 Minutes Roland de Rechniewski, le directeur d’exploitation de la Compagnie des autobus de Monaco (CAM). En 2021, année pourtant encore marquée par un recours plus important au télétravail, l’Imsee, l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques, comptabilisait en moyenne 95.435 entrées-sorties routières journalières.

Le train et bientôt le bateau ?

Avec son test, la Principauté espère « repositionner les autobus comme le moyen de déplacement à privilégier » et « créer un cercle vertueux permettant d’atteindre les -20 % de trafic intramuros ». Faudrait-il déjà que ces automobilistes à convertir arrivent jusqu’à Monaco sans leur voiture. Il y a des bus réguliers qui assurent la desserte depuis Nice ou Menton. Et la solution du train qui a déjà été adopté par un bon nombre de travailleurs français. La gare de Monaco, également portée par le tourisme, est d’ailleurs la troisième de la région Paca après Marseille Saint-Charles et Nice-Ville.

Mais certaines images de wagons bondés pourraient décourager les automobilistes convaincus. « J’habite à Saint-Laurent-du-Var. Le matin, pour venir, ça va. Il y a de la place. Mais le soir, c’est la guerre. On est tous entassés les uns sur les autres », témoigne une abonnée du TER. A l’arrêt de bus de la gare de Monaco, une étudiante de 20 ans tout juste sortie de celui en provenance de Menton attend sa liaison pour rejoindre le lycée Albert-1er. « Je fais toujours comme ça. D’autres jeunes que je connais ne veulent pas lâcher leurs voitures malgré les embouteillages. »

Reste la solution maritime pour les convaincre. Mais le projet d’une navette maritime entre Nice et Monaco, évoqué depuis plusieurs années, ne sera finalement pas opérationnel, au moins, avant 2026, comme 20 Minutes l’a révélé jeudi.