PrécaritéA Strasbourg, la crise énergétique électrocute le revenu minimum municipal

La crise énergétique électrocute le revenu minimum municipal garanti de Strasbourg

PrécaritéAlors que la ville de Strasbourg planchait très sérieusement à expérimenter le revenu minimum municipal garanti pour les plus pauvres, la facture énergétique qui va peser sur la collectivité met à mal sa mise en place
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • La mairie EELV de Strasbourg travaillait à expérimenter le « revenu minimum municipal garanti », mais la crise énergétique qui pèse lourd sur les finances de la ville la contraint à mettre ce projet en pause.
  • Cette allocation complémentaire est destinée aux personnes pauvres, qui vivent sous le seuil de pauvreté.
  • Malgré la suspension de ce projet, le travail de réflexion accompli a tout de même permis de pousser le renforcement d’autres dispositifs d’aides, comme les Aides sociales communales.

C’est une initiative solidaire envers les plus pauvre qui, petit à petit, se fraie un chemin dans certaines villes françaises : le revenu minimum municipal garanti. Le principe, une allocation complémentaire de la commune destinée aux personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, estimé en France autour des 1.100 euros. Un complément qui ne se substitue pas aux autres minima sociaux comme le RSA : en clair on peut donc continuer aussi à en bénéficier.

Une belle idée mais qui se heurte frontalement à la crise énergétique qui plombe les finances publiques, notamment à Strasbourg où l’équipe municipale travaille pourtant à son élaboration et à sa mise en place, mais qui se voit contrainte d’attendre un peu. « On a fait le choix de mettre en pause ce projet auquel on croit, et qui peut être un vrai levier pour faciliter l’accès aux droits et de lutter contre le non-recours aux droits, confie Floriane Varieras, adjointe à la maire EELV en charge de la ville inclusive, des solidarités et du soutien aux personnes vulnérables. Mais aujourd’hui avec le prix du gaz et de l’électricité nous ne sommes pas en mesure de le financer. »

De l’argent et de l’accompagnement

En France, cette mesure n’est pour l’instant pas trop répandue, voire plutôt rare. Commune qui fait figure de proue, Grande-Synthe dans les Hauts-de-France. La ville s’est lancée dans l’aventure dès 2019. Dernièrement, c’est la commune d’Arcueil dans le Val-de-Marne qui l’expérimente, mais à une petite échelle. A Strasbourg, il est question de l’octroyer à « un échantillon représentatif de la population strasbourgeoise, comme des jeunes sans ressources, des familles monoparentales… avec une piste de travail qui tablait sur 250 à 300 personnes », détaille l’élue. Des versements à prévoir mais « aussi tout un accompagnement, car ce sont des personnes qui auraient été suivies davantage par les travailleurs sociaux, souligne Floriane Varieras. On pense aussi à un partenariat avec l’université pour qu’il y ait une étude scientifique sur ce sujet, et que cela puisse aussi conduire à des conclusions un peu scientifiques et nous donne un appui pour l’évaluer. »



Un projet engagé mais encore en réflexion, « car juridiquement le choix d’un échantillon de la population pourrait créer une inégalité de traitement », souligne l’élue. Si « maintenant, le revenu minimum municipal n’est plus possible » à cause de la facture énergétique, les réflexions ont permis en revanche, assure la ville, de renforcer d’autres dispositifs d’aides. Comme les Aides sociales communales, une enveloppe à destination des publics les plus précaires de 1,3 million d’euros. « On avait fait des petites expérimentations l’année dernière, comme augmenter le plafond des versements. C’était plus de l’accompagnement de projet qu’un "coup de pouce urgence" de fin de mois. On a envie de pousser ces expérimentations même si ce n’est pas la même philosophie que le revenu minimum garanti », reconnaît Floriane Varieras. « Et bien sûr, on continue tout ce travail pour lutter contre le non-recours et essayer d’assurer un filet de sécurité aux plus précaires. »