MEDECINEDes stages découverte pour attirer les futurs médecins vers le libéral

Des médecins de ville proposent des stages aux étudiants pour leur montrer « autre chose que l’hôpital »

MEDECINEUn dispositif de stages de découverte de la médecine libérale lancé dans les Pays-de-la-Loire rencontre un gros succès auprès des futurs praticiens
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • En un an et demi, 350 étudiants en médecine d’Angers et de Nantes ont réalisé un ou plusieurs stages courts, sur la base du volontariat.
  • Le dispositif, lancé par l’Union régionale des médecins libéraux, vise à faire découvrir « des organisations et des pratiques médicales différentes » de celles de l’hôpital, et souvent méconnues des étudiants.

Dans une autre université, elle aurait sûrement dû attendre au moins une année supplémentaire pour se confronter à la réalité du terrain. Mais Jeanne, qui entre en troisième année de fac de médecine à Nantes, a déjà « cinq ou six stages » à son actif, tous réalisés l’an dernier. « J’ai testé médecine générale, cardiologie, radiologie, mais ce qui m’a le plus plu c’est l’urologie, raconte la jeune femme, visiblement ravie. J’ai suivi des consultations, ai pu aller au bloc, où j’ai même réussi à reconnaître deux ou trois trucs de mes schémas d’anatomie ! C’était beaucoup plus concret qu’en amphi, avec cette réelle chance d’être toute seule aux côtés du praticien et du patient. »

Un dispositif de stages de découverte de la médecine libérale lancé dans les Pays-de-la-Loire rencontre un gros succès auprès de ces futurs professionnels de santé. En un an et demi, 350 étudiants en médecine d’Angers et de Nantes ont en effet réalisé un ou plusieurs stages courts (un jour ou deux) sur la base du volontariat, dans l’un des 424 cabinets médicaux de la région qui se sont inscrits à l’opération. « L’objectif est qu’ils découvrent des organisations et des pratiques médicales différentes, explique Thomas Hérault, directeur de l’Union régionale des médecins libéraux (URML), à l’origine du dispositif. Ce n’est pas une critique mais c’est ainsi : la formation médicale est aujourd’hui trop centrée sur l’hôpital public, où les étudiants constituent une réelle main d’oeuvre. Les possibilités de stages en libéral sont assez anecdotiques. »

Casser les idées reçues

A l’heure où la pénurie de médecins de ville se fait sentir, les praticiens volontaires espèrent gagner en attractivité aux yeux de leurs futurs confrères. Le docteur Cécile Guihéneuf a déjà reçu une vingtaine d’étudiants dans son cabinet de Saint-Sébastien-sur-Loire afin « de leur montrer qu’il y a autre chose que l’hôpital, où ils sont malheureusement parfois jetés dans le grand bain ». Alors, la pédiatre prend le temps de montrer, transmettre, et parfois de casser des idées reçues. « Certains arrivent en pensant que les consultations sont stéréotypées, ils se rendent compte que ça va bien au-delà de "je pèse, je mesure", que les pratiques sont très riches », assure-t-elle. « Ils ne se doutent pas qu’il y a autant de travail en équipe, complète Thomas Hérault. Financer à l’acte, être maître de son organisation, prendre des décisions administratives… L’étudiant doit aussi pouvoir connaître tout ça, afin de ne pas en avoir peur. »

Cette année, l’URML reconduit son dispositif en cherchant des solutions pratiques pour orienter les étudiants qui le souhaitent dans des territoires plus ruraux. Signe que les mondes de l’hôpital et de la médecine de ville ont tout intérêt à se rapprocher, l’université d’Angers a accepté d’intégrer ces stages dans son cursus universitaire, et Nantes devrait faire de même. Une décision « au bénéfice des étudiants, qui même s’ils sont encore jeunes garderont dans un coin de leur tête un bon souvenir de leur expérience en libéral, espère Thomas Hérault. Au bénéfice aussi du décloisonnement ville-hôpital et in fine de celui des patients. »