Les œnologues ont le Covid long dans le nez

Covid-19 : L’union des œnologues inquiète pour ses nez

SANTELe syndicat veut améliorer la prise en charge des professionnels affectés par un Covid long
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • L’union des œnologues veut que les tests Covid-19 soient remboursés pour les professionnels.
  • Elle pilote une enquête qui doit permettre de faire un état des lieux et d’établir un référentiel auprès de tous les professionnels de l’olfaction et du goût.
  • Des entraînements pour récupérer ses facultés de dégustation existent déjà et offrent de bons résultats, dans le cas du Covid long.

«Si on n’a plus le goût ni l’odorat, en tant qu’œnologue ou sommelier, on ne fait plus grand-chose, pointe Didier Fages, président de l’Union des Œnologues de France. Et il faut rappeler que le Covid-19 existe toujours ». Environ 12 % de la population des œnologues serait concernée par les problèmes d’anosmie et d’agueusie, dont 3 à 4 % à cause du Covid long. « On relance une enquête pour faire un point sur la part de notre profession qui est concernée », poursuit Didier Fages qui se démène pour que les tests Covid des professionnels soient pris en charge par la Sécurité sociale, au même titre que le sont ceux pour la vue et l’ouïe. C’est le sens du courrier qui a été adressé il y a trois semaines au ministre de la Santé.

Le Covid-19 a eu le mérite de mettre sous les projecteurs ces troubles de la perception qui peuvent toucher tout le monde. « Et cela a incité les professionnels qui connaissent ces problèmes et qui ne pouvaient plus déguster à en parler davantage », se félicite le président des œnologues. Selon lui, améliorer le dépistage est la clé pour permettre une meilleure prise en charge.

Une enquête auprès des pros de l’olfaction et du goût

L’enquête, financée par l’Union des œnologues, va démarrer bientôt sous la responsabilité de Sophie Tempère, maître de conférences en œnologie à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin et à l’Université de Bordeaux. Elle sera menée auprès des professionnels de l’olfaction et du goût (œnologues, sommelier, parfumeurs, aromaticiens, cuisiniers etc. ) pour faire un état des lieux de leurs problématiques à la suite de ces troubles olfactifs, notamment lorsqu’ils sont persistants.

« Mon objectif premier, du point de vue de la recherche, est de rassembler beaucoup de témoignages de professionnels, pour leur permettre de se situer, notamment en termes de récupération », décrit Sophie Tempère.

S’entraîner pour se soigner

Bien avant la crise sanitaire, des protocoles d’entraînement ont été mis en place pour stimuler le goût et l’odorat et permettre d’optimiser ses chances de récupération. Et, en ce qui concerne le Covid-19, elles s’avèrent plutôt très efficaces. Il peut s’agir, par exemple, de sentir quatre odeurs tous les jours pendant trois mois. « On teste aussi d’autres méthodologies comme l’imagerie mentale olfactive, notre capacité à imaginer les odeurs, explique la chercheuse. Cela demande une petite expertise mais cela permet d’améliorer sa sensibilité. » Des exercices qui ont des vertus pas seulement pour les personnes touchées par le covid long mais aussi pour celles qui veulent maintenir leurs capacités aiguisées au quotidien.

Sur la base des résultats de l’enquête qui devrait commencer prochainement, il s’agira de proposer des outils de récupération, des protocoles améliorés et des entraînements spécifiques. S’il ressort par exemple que la récupération d’un certain type d’odeur prend plus de temps pour toutes les personnes affectées par le Covid long, alors il peut être rassurant de le savoir. Des informations précieuses pour les professions dont le nez est un vrai outil de travail.