Marseille : C’est quoi ce « festival de la ville sauvage » ?
URBANISME•Sous la houlette de Matthieu Poitevin architecte et président de l’association « Va jouer dehors », trois jours de débats vont se tenir à Marseille pour redonner vie aux villesCaroline Delabroy
L'essentiel
- Le « Festival de la ville sauvage » se tient jusqu’à samedi à Marseille. Architectes, urbanistes, élus mais aussi associations, artistes et citoyens y réfléchiront à une nouvelle manière de penser la ville pour lui redonner vie.
- Pour Matthieu Poitevin, architecte et président de l’association « Va jouer dehors », les élus marseillais doivent passer aux actes, et non plus se contenter de « jolis mots ».
Trois jours pour parler architecture à Marseille. Pour ce premier « Festival de la ville sauvage », l’invitation a été lancée par l’association « Va jouer dehors » à des architectes, urbanistes et artistes, venus certains d’Amérique latine, ainsi qu’à des élus locaux marseillais. A écouter son président Matthieu Poitevin, à qui l’on doit notamment la tour Panorama à la Friche la Belle de Mai, il y a « urgence » à préparer l’avenir, plus encore après les records de température de cet été.
Mais n’est-ce pas déjà chose faite avec, par exemple, les écoquartiers un peu partout en France ? « C’est un terme marketing, il n’y a rien de moins écologique qu’un écoquartier, tacle Matthieu Poitevin. On ne peut plus construire en béton, avec de grandes baies vitrées, il y a d’autres façons plus intelligentes de faire. »
« Contraindre les promoteurs à construire autrement »
Avec ce festival, il entend ainsi remettre l’architecture au centre d’un débat participatif. « La ville est devenue un produit de spéculation financière, estime-t-il. Elle ne sait plus vieillir, réparer, par de petits îlots, des parcelles. » Lors des échanges avec les différents intervenants, la question sera ainsi posée d’une ville qui laisse la place, tel un organisme vivant, au sauvage, c’est-à-dire à la vie et aux initiatives de ses habitants, une « ville vivante en somme ».
Certains diront que Marseille n’a pas attendu pour s’emparer de ces thématiques, comme à Noailles après les effondrements de la rue d’Aubagne. Et Matthieu Poitevin en convient : « Le centre-ville de Marseille reste encore un endroit où il y a un tissu informel, des bouts de résistance aux villes standardisées. C’est comme à La Plaine, ce n’est pas beau, mais c’est hallucinant le monde qu’il y a, l’énergie énorme qui se dégage de cette nouvelle place. »
Toutefois, Matthieu Poitevin ne place pas Marseille en exemple des « villes sauvages ». Il pointe en particulier la responsabilité des élus du Printemps marseillais dont il attend « des faits » davantage que des « jolis mots ». « Ce n’est pas compliqué de contraindre les promoteurs à construire autrement, avec une empreinte carbone proche de zéro et de faire en sorte que le monde soit habitable », lance-t-il. Avant d’enfoncer le clou, sur le programme emblématique de rénovation des écoles marseillaises : « Ils ont trouvé 1 milliard d’euros, c’est un programme à tomber tellement il est beau, mais ils ont lancé un marché global de performance où l’architecture ne pèse que 15 % ! Ce ne sera pas un choix d’architecture, mais un choix financier. »