VIGNE & VINSDans les vignes du Beaujolais, l'été 2022 promet un millésime de qualité

Rhône : Dans les vignes du Beaujolais, l’été 2022 promet un millésime de qualité

VIGNE & VINSSitué en majorité sur le département du Rhône, le vignoble du Beaujolais a connu une maturation précoce en raison des fortes chaleurs estivales. Si le manque d’eau a réduit la production, le millésime 2022 promet cependant d’être riche et varié
Jennifer Lesieur

Jennifer Lesieur

L'essentiel

  • Après avoir commencé exceptionnellement tôt, le 17 août, les vendanges se terminent cette semaine dans le Beaujolais.
  • Alors que la plupart des récoltes agricoles ont souffert d’un été 2022 trop chaud et trop sec, les vignes de cette année promettent un millésime de grande qualité, bien que de moindre quantité.
  • Selon que les vendanges des différentes parcelles aient été précoces ou tardives, les futurs crus du beaujolais 2022 seront très différents les uns des autres.

Dans le Beaujolais, les vendanges ont commencé le 17 août. De mémoire de vigneron, on n’avait pas sorti le sécateur aussi tôt depuis… 2003. La canicule hier, le deuxième été le plus chaud de France cette année : les vignes aussi subissent les longs épisodes de chaleur et de sécheresse. Mais alors que certaines récoltes n’ont pas survécu au feu continu du soleil, les parcelles du Beaujolais semblent en avoir tiré parti.

« Les vignes, ça résiste bien au sec », précise Daniel Bulliat, président de l’Inter Beaujolais. « Celles qui ont le plus souffert, ce sont les jeunes vignes de moins de 15 ans, moins enracinées en profondeur. Mais si on n’avait pas eu 100 mm de pluie en juin, on aurait été très, très mal partis », reconnaît-il.

Un rendement inférieur de 23 % comparé aux cinq dernières années

Cet été de fournaise a accéléré la maturité des raisins, sans les tuer. Au contraire, ces petites grappes noires, « très sucrées et concentrées en matière colorante », sont prometteuses. « 2022 va être un millésime de très bonne qualité, avec des vins très différents en fonction des secteurs », assure Daniel Bulliat. Selon que les vignerons aient choisi des vendanges précoces (dès le 17 août), moyennes ou tardives (cette semaine), les différences seront très marquées. « Dans les secteurs précoces, certains vins ressembleront à 2015, année de référence en termes de richesse, de capacité de garde », ajoute le président, lui-même vigneron. « J’ai des vignes dans chaque secteur, et c’est assez rare d’avoir un millésime d’une même région, où l’on pourra retrouver trois styles de vin différents », note-t-il.

Si la qualité est assurée, c’est la quantité qui aura pâti du très sec été 2022. « Le seul regret de beaucoup de vignerons, c’est qu’ils n’en auront pas assez ! », poursuit Daniel Bulliat. « La récolte est faible, voire très faible pour certains. Des vignerons vont obtenir entre 25 et 30 hectolitres, et d’autres entre 45 et 50 hectolitres. Certains auront des demi-récoltes, d’autres 90 %. » Les vendanges s’étant étalées sur trois semaines, seule la première a bénéficié d’orages le 15 août. Insuffisant pour espérer une récolte « entre 650.000 et 700.000 hectolitres, toutes appellations confondues », admet Daniel Bulliat, qui estime une production « entre 530.000 et 550.000 hectolitres sur l’ensemble du vignoble ». Soit un rendement inférieur de 23 % par rapport aux cinq dernières années.

Des défis climatiques pour la prochaine génération de vignerons

La filière du vin réfléchit aux moyens d’adapter sa production au réchauffement climatique. Dans le Beaujolais, on plante ses vignes de plus en plus haut. « Moi, je plante mes vignes à 400-500 m d’altitude, plutôt qu’à 200 m, alors que c’était le contraire il y a 40 ans », remarque Daniel Bulliat. Des sélections clonales ont été testées, moins convaincantes que les sélections de cépages. Car si la vigne est une plante étonnamment robuste, elle est confrontée à d’autres problèmes climatiques, tout au long de l’année : « Le gel de printemps récurrent, les orages de plus en plus violents… En plus de la flavescence dorée, un insecte qui injecte une bactérie mortelle dans le cep. C’est un vrai fléau », ajoute le vigneron.

La prochaine génération de vignerons du Beaujolais devra prendre en compte ces questions : 50 % du vignoble changera de mains dans les dix années à venir. En attendant, une chose est sûre : « Pour le beaujolais nouveau, il y aura des vins de qualité », assure Daniel Bulliet. « Le temps de cet été nous a épargné le mildiou. On aurait bien aimé avoir un peu plus d’eau. Mais ce n’est pas nous qui tournons le robinet du ciel… » Promis : le 17 novembre prochain, le beaujolais nouveau n’aura pas le goût de banane flambée.