COMMERCEComment les buralistes tentent de se réinventer en diversifiant leur offre

Comment les bureaux de tabac tentent de se réinventer en diversifiant leur offre

COMMERCEEn plus des paquet de cigarettes, des journaux et des jeux à gratter, de plus en plus de débits de tabacs se mettent à vendre des produits alimentaires ou de dépannage et à proposer tout un tas de services
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • En moins de 20 ans, environ 10.000 débits de tabac ont fermé boutique en France.
  • Pour ne pas disparaître, les buralistes n’ont pas d’autre choix que se réinventer en proposant de nouveaux services.
  • Ils diversifient également leur offre de produits en proposent des produits alimentaires ou de dépanne.

S’adapter ou mourir à petit feu. Avec l’augmentation du prix des cigarettes et l’explosion de la contrebande, le métier de buraliste a été bien secoué ces dernières années. Beaucoup d’entre eux n’ont d’ailleurs pas résisté et mis la clé sous la porte. Au début des années 2000, il y avait ainsi près de 34.000 bureaux de tabac en France. On en compte aujourd’hui environ 24.000 sur tout le territoire. Une véritable hécatombe qui a obligé la profession à se remettre en question.

« Le réseau ne s’est pendant longtemps pas modernisé, souligne Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes. Résultat, le tabac était souvent le commerce le plus dégueulasse de la rue marchande ». Moins fréquentés avec la baisse du nombre de fumeurs, les débits de tabac n’ont alors pas eu d’autre choix que de se transformer. « Il fallait que l’on sorte de notre zone de confort et qu’on redevienne des commerçants à part entière », indique Philippe Coy, buraliste à Lescar près de Pau.

Du vin ou des chargeurs de téléphone en vente

Pour aider la profession à se transformer, un dispositif d’aide a été créé par l’État fin 2018. Il permet au buraliste de percevoir une aide de 30 % du montant des travaux pour retaper de fond en comble son commerce, avec un montant plafonné à 33.000 euros. Selon les chiffres fournis par la confédération, plus de 5.300 buralistes en ont déjà profité. C’est le cas de Cécily et Christophe Deroyer, gérants du Savane à Rennes. Après un mois de travaux, leur commerce vient de rouvrir ses portes. « Qu’est-ce que ça change, c’est très moderne ! », s’exclame une habituée des lieux.

Si la décoration a changé, l’offre de produits et de services aussi. A côté des paquets de clopes, des journaux et des magazines et du coin vape, le bureau de tabac propose ainsi à la vente des bouteilles de vins, des biscuits apéro, des fournitures scolaires, quelques produits régionaux et même des chargeurs de téléphone. « On a voulu élargir la gamme de produits pour pouvoir dépanner nos clients et aussi en attirer d’autres dans le quartier », souligne Cécily Deroyer.

« Le drugstore du quotidien des Français »

« En zone rurale ou urbaine, le bureau de tabac doit devenir le drugstore du quotidien des Français », abonde Philippe Coy, mettant en avant le rôle de lien social joué par ces commerces. « Dans beaucoup de bourgs, c’est d’ailleurs le seul qui reste », souligne-t-il. Reconnaissables à leur carotte rouge, les débits de tabac ont également considérablement enrichi leur gamme de services.

On pouvait déjà y acheter des timbres fiscaux, recharger son titre de transport ou retirer des colis. On peut dorénavant y régler ses factures, changer sa carte grise et même acheter un billet de train grâce à des bornes multiservices en cours d’installation sur le réseau. Chez certains buralistes, des distributeurs automatiques de billets ont également été installés. « On renforce encore ce côté proximité en s’adaptant aux nouvelles attentes du consommateur », précise Philippe Coy, assurant que « 42 % de nos 10 millions de clients quotidiens ne sont pas fumeurs ».