CLIMATA Lyon, un été sans répit marqué par une sécheresse historique

Lyon : Une chaleur sans répit et une sécheresse historique ont marqué l’été lyonnais

CLIMATSi l’été 2022 est le deuxième le plus chaud qu’ait connu la France depuis la canicule de 2003, à Lyon, c’est surtout la sécheresse qui a impacté le territoire ces derniers mois
Jennifer Lesieur

Jennifer Lesieur

L'essentiel

  • Selon Météo-France, l’été 2022 est le deuxième été le plus chaud qu’ait connu la France depuis la canicule de 2003. A Lyon, la chaleur qui s’est poursuivie quasiment sans répit, depuis mai, amplifie le ressenti des citadins.
  • Pourtant, plus que l’intensité des températures, c’est la sécheresse qui a marqué l’été lyonnais : il n’y a pas eu de pluie en juillet et on accuse un retard de 150 mm de précipitations en septembre.
  • Pour se protéger de ces extrêmes, appelés à se répéter, la seule solution à long terme serait de végétaliser le centre-ville… à condition de disposer d’assez d’eau.

Une interminable fournaise. C’est le souvenir que laissera, pour beaucoup, l’été 2022 aux Français en général, et aux Lyonnais en particulier. Sur l’ensemble du pays, le mercure a atteint une moyenne de 22,67 °C en juin, juillet et août, contre 23,10 °C pendant l’été 2003. Or, à Lyon, le thermomètre a dépassé les 30 °C pendant 52 jours cumulés. Record battu ? Pas forcément.

« A Lyon, nous avons eu le deuxième été le plus chaud depuis le début des relevés de la station de Lyon-Bron, donc depuis 1921 », confirme Romain Weber, de Lyon Météo, qui propose des prévisions précises pour entreprises, collectivités et particuliers. « Mais 2003 reste largement au-dessus en termes de chaleur : cette année, Lyon a enregistré une journée à 38,9 °C, et 2-3 jours à 38 °C, contre 15 jours entre 38 °C et 40 °C en 2003 », précise-t-il.

Des orages impuissants à rafraîchir et à arroser

Pour le météorologue, c’est surtout la sécheresse qui a été « exceptionnelle » cette année. Après un hiver et un printemps anormalement secs, l’été a empiré la donne : « A Lyon, il y a eu quasiment 0 millimètre de précipitations en juillet », note-t-il. « On a bien eu quelques orages, mais ils font plus de dégâts qu’autre chose. On a encore 150 millimètres de retard, qu’on est loin de pouvoir rattraper. »

S’il fait si chaud et sec dans la capitale des Gaules, c’est en grande partie à cause de sa topographie. Située à la sortie de la vallée du Rhône, la ville est encaissée « dans une sorte de bassin, assez bas en altitude, où l’air surchauffe », précise Romain Weber. « Le climat méditerranéen a tendance à remonter progressivement, on a donc de plus en plus d’influence méditerranéenne sur l’ensemble de la région lyonnaise. » Les monts du Lyonnais et les monts du Beaujolais auront aussi une influence sur le climat lyonnais, « mais plus en termes de précipitations qu’en termes de chaleur », ajoute-t-il.

La clim, seule solution à court terme pour protéger les plus fragiles

Alors que les premiers rafraîchissements de septembre se font encore attendre, le météorologue n’exclut pas… une nouvelle vague de chaleur. « Pas une canicule », rassure-t-il, « mais voyez cette semaine orageuse où on reste à 30 °C, alors qu’en cette saison, début septembre, on devrait être à 14 °C le matin et à 25 °C la journée. Or, la nuit dernière, on était à 22 °C et on monte encore jusqu’à 31 °C ce mardi… »

C’est cette continuité dans la chaleur – près de quatre mois sans véritable répit – qui inquiète et exaspère. Comment faire pour s’en prémunir ? « A titre individuel, on ne peut pas faire grand-chose », admet Romain Weber, qui préconise de végétaliser la ville, solution à long terme déjà mise en œuvre par la municipalité écologiste, à condition d’utiliser une végétation qui exige peu d’eau. Mais à court terme ?

« Malheureusement, ce serait la clim​ », avance le météorologue, tout en tempérant : « la clim sauve des vies. La canicule de 2003 a tué environ 20.000 personnes. Si on avait connu la même canicule cette année, on aurait peut-être eu 4 fois moins de victimes grâce à ça ». Les communes, elles, devront continuer d’agir vite : un arbre à croissance rapide, comme le tilleul ou l’eucalyptus, met une vingtaine d’années à atteindre sa taille adulte. Et pour croître, il aura besoin d’eau…