PRISE DE PAROLEUne avocate dénonce une violence « endémique, presque culturelle »

Féminicides : « Les femmes sont en danger d’abord et avant tout chez elles », dénonce une avocate

PRISE DE PAROLESelon les chiffres du ministères de l'Intérieur, 122 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2021
Xavier Regnier

X.R.

«On a affaire à une forme de violence qui est endémique, qui est ancrée, presque culturelle en France en 2022. » Anne Bouillon, avocate spécialisée dans la défense des femmes victimes de violences au barreau de Nantes, n'a pas mâché ses mots ce samedi au micro de France info. Selon le dernier rapport du ministère de l’Intérieur, le nombre de féminicides a augmenté de 20 % en un an en France, avec 122 femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2021.

« Les femmes sont en danger d’abord et avant tout chez elles car c’est au sein de leur domicile que les meurtres ont lieu », a analysé l’avocate, ajoutant que « les hommes tuent leur femme parce qu’ils se sentent autorisés à le faire légitimement ». Pour elle, la « culture de la protection » a progressé ces dix dernières années, avec des ordonnances de protection qui limitent en partie ces chiffres, quand les dépôts de plainte n’étaient pas pris et qu’on disait aux femmes « de simplement divorcer ».

Mais elle a aussi dressé le portrait d’une France qui accuse encore « un retard considérable sur nos voisins espagnols », qui ont réduit les féminicides de moitié « en débloquant des moyens considérables ». Pour Anne Bouillon, il faudrait « que les armes soient systématiquement saisies » et étendre la protection aux enfants. Mais il faut surtout changer de paradigme dans notre société et « se demander pourquoi la domination masculine continue ». La clé se trouve peut-être dans la prochaine génération, à condition de « travailler sur l’éducation de nos enfants », a préconisé l’avocate, qui s'est dite « optimiste ».