Des enquêteurs créent une association contre une réforme controversée de la Police judiciaire
POLICE•Enquêteurs et juges d'instruction ont lancé l’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ) le 17 août contre une réforme qu'il qualifient d'« opaque et mortifère »20 Minutes avec AFP
Des enquêteurs de police judiciaire viennent, fait rare, de créer une association pour s’opposer à un projet de réforme controversé de la police nationale qui menace selon eux le « savoir-faire » et la « spécialisation » de ces policiers chargés d’enquêter sur les crimes « les plus graves ». « Apolitique et sans étiquette syndicale », l’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ) a été lancée le 17 août contre une réforme qualifiée, dans un communiqué jeudi, d'« opaque et mortifère », avec des « conséquences désastreuses pour la sécurité des citoyens et l’indépendance de la Justice ».
La réforme, déjà expérimentée dans huit départements, est prévue pour 2023. Elle vise à rassembler, à l’échelle du département, tous les services de police - sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) - sous l’autorité d’un nouveau responsable unique, le Directeur départemental de la police nationale (DDPN). Dans ce projet, la PJ serait intégrée à une filière investigation aux côtés des enquêteurs de Sécurité publique qui traitent eux de la petite et moyenne délinquance. Pour les défenseurs du projet, cela permettrait de désengorger les services d’investigation des commissariats.
« La réforme imposera une frontière plus restreinte face à des délinquants qui n’en connaissent aucune »
Mais pour l’ANPJ, « les effectifs de la police judiciaire, ainsi fondus dans ceux de la sécurité publique, n’auront plus ni le temps ni les moyens de combattre la criminalité organisée et les crimes graves et complexes ». La réforme « imposera une frontière plus restreinte, le département, face à des délinquants qui n’en connaissent aucune », dénonce encore l’association.
En juillet, des juges d’instructions de l’Association française des magistrats instructeurs (AFMI) avaient également alerté sur les « dangers » de cette réforme. Ils avaient dénoncé une « gestion de la pénurie de moyens au détriment du judiciaire de haut niveau », cette réforme étant « envisagée sans création de postes d’enquêteurs ». Dans sa dernière prise de parole sur le sujet, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a lui défendu une réforme, « voulue par tous les ministres de l’Intérieur successifs depuis Pierre Joxe ! ».