Ille-et-Vilaine : La justice donne (encore) tort aux riches propriétaires et rouvre le chemin côtier
LITTORAL•Plusieurs familles propriétaires de villas de Saint-Briac-sur-Mer tentaient de faire fermer le sentier côtier depuis des annéesCamille Allain
L'essentiel
- Le Conseil d’Etat vient de valider l’arrêté préfectoral pris en 2015 autorisant la réouverture du sentier côtier de Saint-Briac, en Ille-et-Vilaine.
- Plusieurs riches propriétaires de villas bordant le sentier tentent de faire fermer une partie du sentier, évoquant des risques d’éboulement.
- Un nouveau tracé a été établi et validé par la justice. La décision du Conseil d’Etat vient peut-être clore un épisode juridique de 40 ans.
«C’est peut-être la fin d’un marathon judiciaire ». Le maire de Saint-Briac-sur-Mer préfère utiliser le conditionnel quand il évoque le long, très long combat que lui et ses prédécesseurs ont mené pour rouvrir le sentier côtier. Le Conseil d’État vient pourtant de statuer en faveur de sa municipalité, validant l’arrêté préfectoral pris en 2015 pour maintenir une continuité du chemin. Située à quelques kilomètres à l’ouest de Saint-Malo et Dinard, la charmante commune de Saint-Briac profite d’un littoral escarpé offrant des panoramas splendides. Des paysages que les promeneurs sont nombreux à venir admirer depuis le sentier côtier. Mais que certains riverains fortunés auraient bien aimé garder pour eux. Depuis quarante ans, certains riches propriétaires de villas bordant le littoral tentent de faire fermer le GR34 alors que l’Association des amis des chemins de ronde milite pour le rouvrir.
Ils ont parfois réussi, contestant la loi du 31 décembre 1976 fixant le principe d’une servitude de trois mètres sur les propriétés privées en bord de mer afin que les randonneurs puissent y passer. Depuis la réouverture du sentier en 2015 par le préfet d’Ille-et-Vilaine, les riverains ont presque toujours été déboutés. Mais en 2019, la cour administrative d’appel de Nantes avait partiellement annulé l’arrêté préfectoral, estimant que ce chemin représentait un danger. « L’usage de ce chemin dans sa conformation actuelle, sans confortement et aménagement préalable, présente un danger réel de chutes lié à des éboulements brusques pour les personnes, en particulier en groupe », avait conclu la cour. La juridiction s’appuyait sur l’étude d’un expert géologue produite par les requérants.
La famille Forbes, farouche opposante
C’est sans doute pour préserver la sécurité des randonneurs que quelques propriétaires avaient jugé bon d’ériger des portes en bois sur le sentier entre les plages de la petite et de la grande Salinette. « Ça n’avait duré qu’une semaine, le temps que la procédure soit lancée », rappelle le maire Vincent Denby-Wilkes, élu en 2020. L’homme a travaillé auprès de Brice Lalonde quand ce dernier était ministre de l’Environnement. Propriétaire de l’une des villas concernées, l’ancien ministre de Mitterrand a été maire de Saint-Briac de 1995 à 2008 et avait argué qu’il s’inquiétait de la sécurité de son voisin John Kerry pour justifier la fermeture du sentier.
La famille Forbes, dont est issu l’ancien secrétaire d’État américain, a été l’une des plus farouches opposantes à la réouverture du fameux chemin. Elle n’était pas la seule. Un autre riverain a vu le sentier longer de très près sa piscine, construite sans autorisation préalable. « A une exception près, le tracé établi par le préfet ménage la sérénité des riverains, tout en gardant une ouverture du sentier pour les promeneurs », assure Vincent Denby-Wilkes. Le maire estime que la décision rendue par le Conseil d’État vient valider le tracé. « Il est conforme à l’esprit de la loi ».