Dans l’ombre des pompiers, quel est le rôle de l’association DFCI ?

Incendies en Gironde : Dans l’ombre des pompiers, quel est le rôle de l’association DFCI ?

BENEVOLESEnviron 800 personnes bénévoles issues du milieu forestier travaillent à l’arrière des incendies qui se sont déclenchés le 12 juillet sous la supervision de l’association Défense des forêts contre les incendies (DFCI)
Gironde : 19.300 hectares partis en fumée, les incendies continuent
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • La DFCI, une association qui réunit des propriétaires forestiers, œuvre au quotidien pour l’aménagement des pistes et des points d’eau qui facilitent l’accès des pompiers.
  • Elle a joué un rôle de guide auprès des pompiers pendant la première phase de l’incendie.
  • En ce moment, après la réalisation de pare-feu sur les sites touchés, elle mène des actions de surveillance et d’arrosage sur les fumerons (morceaux de charbon de bois encore fumants) pour éviter toute nouvelle reprise.

Elle travaille dans l’ombre mais joue un rôle très important qui va aller en s’accentuant au fil des semaines. L’association régionale de défense des forêts contre l’incendie (appelée DFCI) a un rôle de surveillance et d’arrosage à l’arrière des feux, tandis que les pompiers attaquent les fronts et luttent directement contre les reprises. En Aquitaine, la DFCI regroupe plus de 200 associations syndicales de propriétaires forestiers qui représentent environ 2.500 bénévoles actifs. Beaucoup d’entre eux sont à pied d’œuvre en Gironde deux incendies hors normes ont déjà consumé 20.800 hectares de landes depuis le 12 juillet et ne sont pas encore fixés.

Les équipes de la DFCI sont mobilisées depuis le 12 juillet jour et nuit avec l’appui d’entreprises forestières privées. « Sur la première phase de l’incendie, les bénévoles de DFCI, et en particulier ceux qui gèrent les pistes et les points d’eau, sont mobilisés pour informer les pompiers des particularités du massif [coupe rase, peuplements plus âgés, etc.]. Ils jouent un rôle de guide d’orientation forestier du pompier », explique Marion Laquerre, ingénieure à la DFCI.

L’aménagement et l’entretien de pistes forestières, cruciaux pour l’accès des pompiers, est l’occupation principale de l’association en temps normal. « Il faut savoir qu’en Gironde, on a le plus grand nombre de départs de feux de forêts, avant les bouches du Rhône, la Corse et le Var. Depuis le 12 juillet, on a eu plus de 150 départs de feu plus d’une vingtaine par jour. C’est considérable », précise Bruno Lafon, le président de la DFCI.

Construction de pare-feu

Les agriculteurs et les chasseurs, soit une bonne partie du « monde forestier », sont aussi mis à contribution aux côtés de la DFCI portant l’effectif à environ 800 personnes bénévoles. Ce jeudi, 67 engins sont déployés sur les deux sites incendiés de La Teste-de-Buch et de Landiras pour des travaux forestiers d’urgence et notamment la construction des pare-feu visant à priver l’incendie de combustibles. « On va sacrifier une centaine d’hectares s’il faut pour préserver des milliers d’hectares et on va mettre la zone à sable blanc, explique Bruno Lafon, président du DFCI. On l’a fait sur une largeur de 200 à 300 m, c’était énorme, près de Biscarrosse et de façon plus réduite sur Landiras, entre 50 à 100 mètres ».

Surveillance et arrosage

En ce moment sur les secteurs de Landiras et de La Teste, ils assurent « la garde du feu », selon les mots du président de la DFCI. « Avec nos camions qui sont jaunes et pas rouges, on empêche que les fumerons repartent parce que la plus grande difficulté qu’on va avoir c’est que ce feu ne reparte pas, pointe le sylviculteur. Et comme on a un tour de feu de plus de 66 km cela fait beaucoup de superficie à surveiller. » Ils tapent ces fumerons, morceaux de charbons de bois fumants, avec des sortes de râteaux et arrosent les zones encore un peu à risque pour prévenir toute reprise. « S’il y en a une, on appelle les pompiers », précise-t-il.

Marion Laquerre revient d’une mission de reconnaissance sur le terrain avec son collègue. « On est allés vérifier la lisière du côté sud pour choisir la meilleure méthode de sécurisation sur la base d’éléments du SDIS, explique-t-elle. Tant qu’il n’y aura pas de précipitations significatives il y aura des points chauds et des zones où le feu va s’être enterré et où il peut repartir. » Autant au cœur de la zone incendiée il n’y a plus trop de végétation donc cela limite le risque de reprise mais il existe encore en périphérie.

Notre dossier sur les incendies en Gironde

Les actions montent en dimensionnement car au fur et à mesure que les zones incendiées sont stabilisées elles passent sous la surveillance de la DFCI. C’est un travail de longue haleine qui s’engage jusqu’à l’automne pour les équipes. Même quand les pompiers déclareront le feu éteint et quitteront les lieux, les membres de la DFCI, sentinelles des feux de forêts, resteront en veille sur place.