Lyon : Y aura-t-il assez de conducteurs dans les transports scolaires à la rentrée prochaine ?
PENURIE•La Fédération des transports de voyageurs estime qu’il manquera 1.000 conducteurs dans les transports scolaires à la rentrée de septembreCaroline Girardon
L'essentiel
- En France, il manque actuellement 8.000 conducteurs de cars scolaires dont 1.000 pour la région Auvergne-Rhône-Alpes.
- Une situation « catastrophique et sans précédent » pour la profession qui prédit une rentrée difficile.
- Dans la région, 30.000 élèves seront impactés par la pénurie.
Aux dires de la profession, la situation est « catastrophique » et « sans précédent ». Actuellement, il manque en France 8.000 conducteurs dans les transports scolaires. « On aurait besoin d’en recruter 15.000 », souligne Jean-Sébastien Barrault, président de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV). C’est dire si la main-d’œuvre fait défaut.
En la matière, la région Auvergne-Rhône-Alpes ne fait pas figure d’exception. Mille conducteurs manquent actuellement à l’appel. Soit 10 % des effectifs. « On sait d’ores et déjà que la rentrée de septembre va être compliquée. Clairement, nous n’aurons pas assez de conducteurs », prédit Michel Seyt, co-président de la FNTV en Auvergne-Rhône-Alpes qui estime à « 30.000 le nombre d’enfants qui seront impactés » dans la région.
Manque d’attractivité
Depuis une dizaine d’années, le secteur peine cruellement à recruter. Mais la situation s’est aggravée avec la crise sanitaire. « Beaucoup de conducteurs ont préféré partir dans les transports routiers de marchandise ou s’orienter vers d’autres métiers », observe Pascal Favre, co-président régional de la FNTV. La perte d’effectifs s’élève à 4 %.
Mais « le problème n’est pas que conjoncturel », selon Michel Seyt. « Il faut du temps et des moyens pour former des conducteurs. Mais avant tout, il faut des candidats », pointe-t-il. Or, les volontaires sont désormais de moins en moins nombreux. Surtout les jeunes qui ne se bousculent pas au portillon. Salaires trop bas, travail à temps partiel, horaires matinaux… Le métier n’est plus considéré comme attractif. Et c’est bien là le problème.
« Le salaire des conducteurs de transports scolaire dépend du nombre d’heures effectuées et non d’un taux horaire. Le métier veut qu’ils conduisent le matin et en fin d’après-midi, mais pas une journée entière. On est donc très souvent sur des temps partiels. Et puis, ils ne travaillent pas 175 jours par an en raison des vacances », admet Pascal Favre. « Depuis la crise sanitaire, il est en effet difficile d’attirer des candidats pour postuler à une offre d’emploi à temps partiel fractionné trois à quatre heures par jour », abonde Michel Seyt.
Quelles solutions pour les familles ?
Aujourd’hui, la profession est au pied du mur. Les salaires ont été augmentés de 5 % mais cela reste insuffisant pour revaloriser le métier. D’où la nécessité de se tourner vers des solutions alternatives, comme nouer des liens avec d’autres entreprises afin que les conducteurs puissent cumuler deux emplois ou étaler les horaires scolaires pour desservir davantage d’établissements. « On mettra plusieurs années à résoudre le problème », déplore Michel Seyt. En attendant, des dizaines de milliers d’écoliers risquent de se retrouver sur le carreau en septembre.
Quelles solutions pour les familles ? Sur ce point, la Région peine à répondre. « Pour celles dont les enfants ne pourraient plus prendre le car, on réfléchit à un système d’aide au kilomètre », indique Paul Vidal, conseiller régional en charge des transports scolaires et interurbains.
« De notre côté, on va essayer de limiter la casse en sollicitant des conducteurs de cars de tourisme, en faisant tourner nos cadres, explique Pascal Favre. On peut aussi mettre en place un service dégradé qui consiste à faire rouler un car pour deux services plutôt que deux cars pour deux services. » Réponse à la rentrée…