Le grand oral du bac, une épreuve encore balbutiante

Bac 2022 : deuxième année pour le grand oral, épreuve encore en cours de rodage

ORAL 2.0Le grand oral est noté avec un coefficient 10 en filière générale et 14 en filière technologique
20 Minutes avec AFP

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A partir de lundi et pour la deuxième année consécutive, les candidats au bac général et technologique passent l’ultime épreuve du baccalauréat, le grand oral. Une épreuve qui doit encore être rodée, après une année où l’organisation avait été critiquée.

Pour cette épreuve du grand oral, l’élève peut conserver avec lui le brouillon qu’il a écrit lors du temps de préparation du sujet, avant sa prise de parole. L’enjeu n’est pas négligeable : elle est notée avec un coefficient 10 en filière générale et 14 en filière technologique (sur un total de 100).

Une « organisation catastrophique »

Pour cette épreuve, le lycéen arrive avec deux questions préparées avec ses professeurs et portant sur une ou deux de ses spécialités (histoire-géographie, mathématiques…). Le jury, composé de deux professeurs, dont l’un enseigne une des spécialités, choisit une question. L’oral dure ensuite 20 minutes, dont 5 minutes d’exposé, 10 d’entretien avec le jury et 5 de discussion sur son projet d’orientation.

L’an dernier, des dysfonctionnements avaient été relevés dans l’organisation de cette épreuve, dans un contexte fortement perturbé par le Covid, avec notamment des retards dans les envois de convocations aux élèves et aux enseignants. Pour Cécile Suel, professeure documentaliste dans le Pas-de-Calais, « l’organisation a été franchement catastrophique ». « Dans l’établissement où je me suis retrouvée, il y avait un problème d’enseignants qui n’ont pas été convoqués », raconte-t-elle.

Des profs d’EPS pour évaluer… Les maths

Certains racontent aussi que des collègues ont dû faire passer des matières qui leur étaient vraiment étrangères, comme des profs d’EPS pour les maths. D’autres ont eu plus de chance, comme Thomas Dautais, professeur de sciences économiques et sociales (SES) en Loire-Atlantique, qui a fait passer les oraux dans sa matière, n’avait que 20 Minutes de train pour son lieu d’examen et a « trouvé ça très bien organisé ».

Plusieurs enseignants soulignent que le grand attrait de cette épreuve est de faire travailler l’oral, souvent peu valorisé en France. Mais c’est là aussi que le bât blesse, car les élèves manquent généralement de temps dans l’année pour travailler ces compétences spécifiques.

« C’est en voie de rodage »

Même constat pour Renaud, professeur de SES dans un lycée de Seine-et-Marne : « on est tellement pressés par le temps tout au long de l’année, pour pouvoir finir le programme, qu’on n’a aucun moment pour travailler le grand oral ». « Tout au long de la carrière d’un élève, soit durant 12 à 13 années, on ne met pas du tout l’oral au centre des apprentissages. Et au dernier moment, on lui demande un peu en traître de préparer un oral », ajoute-t-il. Cécile Suel, la professeure documentaliste, regrette de son côté que les élèves qu’elle a vu passer « n’aient pas travaillé davantage leurs sources au niveau de la recherche ».

« Pour l’instant, on en est encore à faire ça vite fait », mais « j’espère que ça va monter en qualité », ajoute-t-elle. « C’est en voie de rodage », estime également Thomas Dautais. Comme pour la philosophie, les notes du grand oral sont prises en compte dans la moyenne du bac, dont les résultats seront publiés le 5 juillet. Depuis sa réforme en 2019, la note du baccalauréat repose à 60 % sur des épreuves terminales. L’an dernier, près de 94 % des candidats avaient décroché le bac.