Journée mondiale du vélo : Le cyclotourisme est en plein boom à Marseille
TENDANCE•Ce vendredi, c’est la journée mondiale de la bicyclette. « 20 Minutes » fait un tour de France de la pratique du vélo, des bonnes et mauvaises habitudes des cyclistes, des infrastructures pour des déplacements plus sécurisés, et des nouvelles tendances, comme le cyclotourisme à MarseilleCaroline Delabroy
L'essentiel
- Les Nations Unies ont fait du 3 juin la journée mondiale de la bicyclette, l’occasion « d’attirer l’attention sur les avantages de son utilisation – un moyen de transport durable simple, abordable, propre et respectueux de l’environnement ». 20 Minutes s’est donc lancé dans un four de France de la pratique du vélo de Lille à Nice, de Nantes à Strasbourg, via Paris ou Toulouse.
- Marseille n’est pas particulièrement connue pour la qualité de ses pistes cyclables, encore très insuffisantes. Pourtant, une tendance se dessine : la location de vélos électriques et les tours guidés à vélo.
- Outre les plaisirs de la découverte, le vélo est aussi un moyen pour éviter les bouchons et atteindre des sites mal desservis en transport en commun.
Ils ont installé leur QG au Vieux-Port, à quelques coups de pédale de la mairie de Marseille. Avec des vélos classiques et électriques flambant neufs à la location, aux couleurs de Tous en Biclou, et d’ici une quinzaine de jours des balades accompagnées pour découvrir la ville. L’entreprise se lance officiellement ce samedi sur un secteur qu’elle estime plus que jamais porteur, étude de marché à l’appui. « C’est l’avenir, le cyclotourisme se développe partout en France, alors pourquoi pas à Marseille qui fait partie des destinations touristiques préférées des Français », sourit Jean-Baptiste Rufach qui, à 28 ans et lui-même cycliste, co-fonde avec Cyril Hoccry-Lescarmure cette jeune entreprise.
Dès la pré-ouverture, pour se roder, il a mesuré l’attrait du vélo auprès des touristes de passage. « Nous avons déjà eu pas mal de demandes, beaucoup d’étrangers, pour aller sur le littoral jusqu’à Callelongue et aux Goudes, poursuit-il. Le transport ne devient plus une contrainte, mais partie prenante de la sortie, on ajoute un autre loisir en s’évitant en plus les bouchons ou l’unique bus souvent blindé de monde. » « Cette année, c’est la folie, tout le monde veut aller aux calanques », observe aussi Emmanuel Darley, associé gérant de Fada Bike Tours Marseille. Lui aussi mesure le succès grandissant de cette pratique. En 2013, il a démarré avec une quinzaine de vélos électriques, véritable précurseur dans la cité phocéenne. Aujourd’hui, sa flotte de 40 vélos est de sortie tous les jours.
Le manque de pistes cyclables, encore un frein
« Le cyclotourisme est une tendance évidente, et c’est auprès de nos services une demande de plus en plus importante », abonde Marc Thépot, président de l’office métropolitain de tourisme de Marseille. Comme ailleurs, il attribue ce tournant à l’après-confinement et à l’envie de déplacements doux et plus responsables. Avec peut-être une spécificité locale : « C’est aussi une façon de régler l’encombrement pour aller à certains endroits comme les Goudes. » Il en est persuadé, « le vélo est un mode de locomotion et de tourisme qui va s’imposer dans notre ville ». « Il faut prendre le problème à bras-le-corps », ajoute-t-il, pointant du doigt les freins que représentent les « vols de vélos » et « le manque de pistes cyclables ». « Il y a encore beaucoup d’endroits où c’est compliqué de faire du vélo à Marseille », déplore ainsi Marc Thépot.
« Nous attendons toujours l’application du plan vélo métropolitain qui tarde encore à venir alors que tout est budgété », affirme de son côté Thomas Chaussade, président du collectif marseillais Vélos en ville. Il milite au quotidien pour la place du vélo à Marseille et voit, dans les réponses chaque fois plus nombreuses au baromètre des villes cyclables, un signe d’un changement de culture en marche. Quand bien même ce baromètre classe Marseille au rang des mauvais élèves. « Je prends l’exemple des vélos cargos, il y a cinq ans, on n’en voyait aucun, aujourd’hui, on en voit passer toutes les deux minutes avec les enfants derrière, c’est un très bon signe de développement. »
« Du Vieux-Port à la Pointe Rouge, c’est plat »
« Le nombre de cyclistes du quotidien a explosé dans le centre-ville, estime ainsi Thomas Chaussade. Le vélo tourisme est aussi une nouveauté, clairement. Il y a une réelle demande, même des habitants, pour se déplacer tranquillement à vélo pour visiter et faire visiter la ville. C’est une vraie liberté d’être à vélo, on s’arrête où et quand on veut. » Selon lui, le fait « que ça monte et descend beaucoup est un argument peu recevable. Du Vieux-Port à la Pointe Rouge, c’est plat ». Reste que la fameuse piste de la Corniche est « bidirectionnelle, ce qui ne se fait plus dans des pays comme le Danemark et les Pays-Bas, à cause des questions de sécurité que cela pose. »
« Nous avons préparé nos itinéraires en amont, et nous expliquons bien aux gens comment se déplacer en centre-ville à Marseille, c’est finalement le Code de la route », temporise Jean-Baptiste Rufach, qui n’anticipe pas de conflits particuliers avec des Marseillais, y compris piétons, pas toujours aguerris encore à la culture du vélo. Pour Emmanuel Darley, de chez Fada Bike, les visiteurs, dont beaucoup dans sa clientèle sont des croisiéristes, « n’ont pas de préjugés sur la place du vélo à Marseille. » Et, dans tous les cas, « il y a un brief sécurité ».
Un écosystème vélo en construction
Des différents tours, d’une durée variable, qu’ils proposent, chacun ont un tronc commun : le Pharo, le vallon des Auffes, la Corniche et Notre-Dame de la Garde, certains emmènent ensuite vers le centre-ville, le Mucem et le Panier, d’autres vers les calanques. « Les gens reviennent avec une idée de la diversité de Marseille, où l’on peut passer d’un univers ultra-sec aux Goudes au parc ombragé de Borély, explique Emmanuel Darley. Tout cela à son rythme et sans se fatiguer. » Les commentaires sur les réseaux sont élogieux, et participent d’un bouche-à-oreille favorable au cyclotourisme à Marseille.
Notre dossier vélo
« Après la saison, nous sommes plusieurs entrepreneurs autour du vélo à vouloir nous structurer pour créer un écosystème, développer des projets et aussi faire du lobbying sur les pistes cyclables », avance Jean-Baptiste Rufach. Une boucle WhatsApp est déjà créée, qui réunit une quinzaine de structures, qui louent des vélos comme Tous en biclou, mais aussi des ateliers, des magasins, des livreurs à vélo. Bref, de nouveaux acteurs qui pourraient bien participer aussi à la révolution du vélo à Marseille.