Saint-Brieuc : Une marche blanche pour Sacha, mort à 18 ans en prison
SUICIDE•Le jeune homme s'est donné la mort dans la cellule du quartier disciplinaire de la maison d'arrêt de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor)C. A. avec AFP
«Sacha n’aurait jamais dû mourir, jamais ». Il y a un an, Loriane Ait Hammou perdait son fils. Agé de 18 ans, Sacha s’est donné la mort le 27 avril dans la cellule du quartier disciplinaire de la maison d’arrêt de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor). Mort « au mitard » comme on dit dans l’univers carcéral. Ce dimanche, la famille du jeune garçon organise une marche blanche silencieuse à 13h45 au départ de la préfecture de Saint-Brieuc.
Sans réponse de l’administration pénitentiaire, les parents du jeune homme ont intenté une action en justice mais leur plainte a été classée sans suite. Le parquet de Saint-Brieuc estime alors que « l’infraction est insuffisamment caractérisée » évoquant « qu’aucun manquement au niveau pénal n’a été imputé à l’établissement pénitentiaire » à l’issue de l’enquête.
Six mois de prison pour des faits de vol
Jugé en comparution immédiate en janvier 2021, Sacha avait été condamné à six mois de prison ferme pour « des faits de vol » commis seul et sans violences. Confronté pour la première fois à la prison pour adultes après un bref séjour dans un établissement pour mineurs, le jeune détenu devait retrouver la liberté fin juillet, selon l’avocat de la famille, Me Etienne Noël, du barreau de Rouen. L’avocat s’apprête à déposer « dans les prochains jours » une plainte contre X, avec constitution de partie civile. « Il avait notamment été demandé qu’il soit placé sous surveillance spéciale et ça n’a pas été mis en œuvre », fait valoir l’homme de loi, engagé de longue date dans la défense des détenus.
Avant de passer à l’acte avec un liseré de couverture et un lacet, quelques jours après une première tentative de suicide, le jeune homme avait adressé une lettre au responsable de la maison d’arrêt, le « suppliant » de fractionner la peine de 21 jours de « quartier disciplinaire ».
« « Je suis à bout, au bord du gouffre, et au bord du suicide (…) Je suis fragile d’esprit, et, là, c’est trop pour moi », écrivait-il dans son courrier. »
C’est une situation de « non-assistance à personne en danger », accusent les parents.
Ses parents se battent aujourd’hui pour que le placement en quartier disciplinaire soit mieux encadré. « Le taux de suicide au QD est sept fois plus important qu’en détention normale », rappelle l’Observatoire international des prisons, sachant que « le taux de suicide moyen en détention est lui-même six fois plus important qu’en population générale ».