Doyenne de l’humanité : « On me demande parfois une mèche de cheveux de Sœur André »
INTERVIEW•A l’Ehpad de Toulon où vit Sœur André, nouvelle doyenne de l’humanité, David Tavella, chargé de communication, s’attend à un afflux de courrier et de nombreuses demandes médiatiques
Propos recueillis par Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Sœur André, religieuse toulonnaise de 118 ans, est devenue ce lundi la probable doyenne de l’humanité après le décès de la Japonaise Kane Taneka, à 119 ans.
- Dans son Ehpad, on se prépare à gérer un afflux de courriers et de demandes plus ou moins farfelues, déjà d’actualité.
Elle est désormais la femme la plus vieille du monde. A 118 ans, après le décès de la Japonaise Kane Taneka, âgée de 119 ans, Sœur André est devenue ce lundi la nouvelle probable doyenne de l’humanité. Un statut tout particulier qui engendre une médiatisation inédite, que l'Ehpad Sainte-Catherine Labouré de Toulon, dont elle est résidente depuis plusieurs années, se prépare à gérer. Son chargé de communication, David Tavella, raconte pour 20 Minutes comment il compte aborder la suite, entre fascination et volonté de protéger la vieille dame.
Comment Sœur André se porte-t-elle ?
Depuis son anniversaire, elle a repris du poil de la bête. Il faut dire que ça tombe toujours au cœur de l’hiver… Et voilà que du jour au lendemain, elle se retrouve doyenne de l’humanité. Mais ça ne change rien pour elle. La première pensée qu’elle a eue en l’apprenant, c’était pour les autres. Elle était très fière, très heureuse pour sa famille et le personnel de l’Ehpad. Elle se réjouissait que cela fasse un coup de projecteur sur l’établissement. Ce n’est pas étonnant : elle a toujours tout donné aux autres. Pour elle, l’amour n’est pas un vain mot.
Pensez-vous que c’est là son secret de la longévité ?
Je crois que son secret de longévité, c’est d’avoir travaillé jusqu’à 108 ans dans une maison de retraite. Et c’est aussi quelqu’un de déterminé. Elle sait ce qu’elle veut. D’ailleurs, quand on lui a dit que Jeanne Calment a vécu jusqu’à 122 ans, elle a répondu : « C’est à ma portée ».
Vous nous aviez expliqué recevoir déjà beaucoup de courriers avant qu’elle ne devienne doyenne de l’humanité. Comment allez-vous vous organiser ?
Pour instant, il n’y a pas de retombées, mais ça ne devrait pas tarder. Mais, vous savez, je commence à avoir l’habitude ! (rires). On s’adapte. Elle reçoit effectivement beaucoup de cadeaux, et du courrier du monde entier : Etats-Unis, Amérique latine, Grèce, Italie, Canada… Comme elle est aveugle, je lui lis ses lettres. Pour plaisanter, je dis que grâce à elle, j’ai mon gagne-pain. Je suis un peu son impresario. Parfois, on me fait des demandes étranges. On me demande une mèche de cheveux, comme si on avait dans son ADN le secret de sa longévité ! Elle répond que si elle avait un secret, elle aurait fait fortune depuis longtemps. Elle se demande parfois pourquoi on lui écrit autant. C’est un phénomène. Du moins, on vient la voir comme un phénomène, mais elle ne veut pas devenir un phénomène.
C’est un peu devenu la star de votre établissement ?
On la regarde avec une certaine déférence, mais on s’occupe d’elles comme les autres. Elle n’a pas un traitement particulier en tant que Sœur André. Je crois qu’elle n’en voudrait pas. Toute sa vie, elle s’est occupée des autres. Elle aimerait qu’on continue à s’occuper des autres. Et puis, paradoxalement, ce n’est pas la plus faible chez nous ! (rires)