Lyon : Malgré sa mauvaise réputation, la Guillotière reste « tendance » pour les investissements immobiliers
IMMOBILIER•Malgré sa mauvaise réputation, le quartier de la Guillotière reste très demandé par les trentenaires en quête d’un appartement en plein centre-ville. Loin d’être bradés, ses prix y restent relativement élevésJennifer Lesieur
L'essentiel
- Souvent pointée pour son insécurité croissante, la Guillotière est aussi un quartier jeune, dynamique, proposant une offre riche en sorties.
- Loin de baisser à cause des incidents qui s’y sont déroulés, les prix se maintiennent élevés face à la demande.
- Les acheteurs entre 30 et 40 ans plébiscitent ce quartier bien situé et bien desservi, et où la qualité de vie semble s’améliorer.
Une « no go zone », la Guillotière ? Pas pour tout le monde. Depuis la hausse de l’insécurité constatée depuis le début de la crise sanitaire, sa médiatisation et l’arrivée d’une brigade spéciale cet hiver, ce quartier de Lyon traîne une mauvaise réputation. Au même moment, l’immobilier lyonnais flambait, accusant d’importantes différences de prix selon les arrondissements : du plus cher, le 2e, avec 7.395 euros/m2, au moins cher, le 9e, avec 4.311 euros/m2 (chiffres Fnaim arrêtés en novembre 2021). Le cœur du centre-ville est le plus demandé, là même où se trouve… la Guillotière.
Des acheteurs au niveau d’études élevé, épicuriens, aimant sortir
« Ici, les prix ne se bradent pas. » Isabelle Olier, spécialiste du secteur chez Neyret Immobilier (Lyon 7), est catégorique : la réputation du quartier n’effraie pas les acheteurs. « J’ai beaucoup de clients qui, malgré les incidents de la Guillotière, souhaitent acheter ici, parce qu’ils voient au-delà des problèmes de sécurité », assure-t-elle. « C’est toujours le même style d’acheteurs : des gens de 25-35 ans, au niveau d’études élevé, très épicuriens, aimant sortir en groupe. » Ces clients aiment « la proximité des quais, de Bellecour, les cafés et restaurants de la rue de Marseille », une gentrification croissante qui a contribué à rendre le secteur « tendance ».
Plus surprenant, la valeur de biens dans des endroits plus sujets à l’insécurité s’est maintenue : « J’ai vendu un appartement qui donnait sur la place Mazagran il y a 6 mois », se souvient Isabelle Olier. « Je m’étais dit que j’allais peut-être mettre plus de temps à vendre celui-là, et pas du tout… C’était un T3 de 80 m2, acheté 430.000 euros par une avocate d’une trentaine d’années. Je l’aurais peut-être vendu un peu plus cher il y a 3 ans, à 445.000 ou 450.000, mais je l’ai vendu à son juste prix aujourd’hui. »
Il faut dire qu’avant le confinement, les prix étaient très élevés à la Guillotière, notamment rue de Marseille, où passe le tramway. « J’y ai vendu un T3 avec balcon de 72 m2 430.000 euros », se souvient Isabelle Olier. « Mais je ne l’aurais pas vendu plus cher il y a quelques années. A l’heure actuelle, on a une stabilisation nette des prix, alors que la demande est tout aussi forte. »
Des tarifs qui varient à 500 mètres près
Alizée Trollion, conseillère immobilier à Orpi Saxe Gambetta, confirme une brève baisse des prix pendant le confinement, avant une remontée : « C’est vrai que certains habitants sont partis à cause de l’insécurité, et du coup les prix ont baissé – disons qu’ils sont passés de 5.000 euros/m2 à 4.800 », constate-t-elle. « Les prix remontent maintenant car le quartier est plus calme, plus propre, depuis la nouvelle sécurité mise en place. Dans notre secteur principal, vers la place du Pont et le Rhône, on peut atteindre 5.500-5.600 euros/m2, tout dépend de l’appartement. » Et du secteur à l’intérieur même de la Guillotière : selon les chiffres d’Orpi, le prix est de 5.100 euros/m2 du côté Gabriel Péri, contre 6.000 euros/m2 du côté Préfecture, à peine 500 mètres plus loin.
La conseillère constate le même profil d’acheteurs qu’Isabelle Olier : « Le T3 reste la surface la plus demandée, surtout avec un balcon depuis l’an dernier. On nous demande aussi de l’Haussmannien, avec de la hauteur sous plafond », détaille-t-elle. « La moyenne d’âge sur ce secteur est de 30-40 ans, des gens qui aiment déjà le quartier, qui apprécient la proximité du métro et du tramway. Ce sont plutôt de jeunes couples avec un enfant, mais ce ne sont pas des primo-accédants. »
Alizée Trollion remarque cependant que « ceux qui investissent ne choisissent pas forcément la Guillotière, qui leur semble encore trop peu sûre, alors qu’il y a des choses intéressantes et que ça va prendre de la valeur. Prenez le 7e arrondissement dans son ensemble : il n’était pas très développé, et il a récemment connu un essor considérable ».