REPORTAGEAvec « les chasseurs », la police des transports en commun à Marseille

Marseille : Virée avec « les chasseurs », la police des transports en commun

REPORTAGEEn uniforme ou en civil, les 90 policiers du service interdépartemental de sécurisation des transports en commun de Marseille arpentent quotidiennement les gares, rames et stations de métro
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Le service interdépartemental de sécurisation des transports en commun de Marseille compte 90 agents.
  • Ils travaillent en civil ou en uniforme.
  • Objectif : Faire du flag' sur les vols à la tire, ou encore « attraper » des individus recherchés.

Présents dans les transports en commun, les halls de gares ou dans les trains, les agents du service interdépartemental de sécurisation des transports en commun (SISTC), ne sont pas les fonctionnaires de police les plus visibles. Mais ils sont de ceux qui « rapportent le plus à manger aux collègues », comme on dit dans le jargon, avance Didier Delacolonge, le chef de cette unité qui compte 90 hommes et femmes travaillant en civil ou en uniforme. Comprenez, ceux qui amènent devant des individus que des collègues d’autres services recherchent.

Comme ce jour-là, en gare Saint-Charles de Marseille. En à peine plus d’une demi-heure, ces policiers procèdent à l’interpellation de trois individus qui font l’objet d’une fiche de recherche. Deux à la descente d’un train, un troisième cueilli à la sortie du métro, à la faveur d’un contrôle d’identité. Ils étaient recherchés pour ne pas avoir respecté leur contrôle judiciaire, disposition qui les oblige à se signaler régulièrement au commissariat pour s’assurer qu’ils ne cherchent pas à échapper à une convocation en justice qui les attend. La veille, ils avaient la main sur deux jeunes filles, soupçonnées d'en avoir défenestré et violenté une troisième. Pour ce faire, ils s’appuient de plus en plus sur la vidéo. Les matins, souvent, ils mémorisent les portraits d’individus recherchés et capturés sur une bande-vidéo.

Un jeu d’observation

Le complice suspecté du meurtre commis station Notre Dame du Mont, c’est le SISTC, également, avec l’aide de la vidéo. Anatole, yeux bleus et silhouette longiligne, s’en souvient. « Je le vois passer, même coupe de cheveux, même démarche, j’étais sûr à 100 % que c’était lui ». Ancien de la Bac de région parisienne, Anatole est arrivé au service il y a quatre ans à Marseille. Il travaille en civil, casquette, jogging et hoodie noir ce jour-là. Il varie ses apparences selon les jours.

« C’est un jeu de rôle », commente-t-il. Sur les quais, dans les rames de métro ou dans les bus, il observe « surtout les gestes, les mains, les yeux et les regards ». L’objectif : faire du flag' sur des vols à la tire. « Avec l’expérience, on voit vite les gens qui puent la connerie, comme on dit. » Et il lui arrive d’en suivre pendant plusieurs heures, jusqu’à les prendre sur le fait. « Nous sommes un peu comme des chasseurs », conclut-il.