PRECARITEQuelles sont les conséquences des expulsions locatives les années d’après ?

Mal-logement : Un tiers des ménages ayant vécu une expulsion n’ont pas retrouvé un vrai logement un à trois ans après

PRECARITEPlusieurs années après, l’expulsion locative laisse des traces sur ceux qui l’ont subie, comme le montre une étude de la Fondation Abbé Pierre parue ce mercredi
Delphine Bancaud

D.B.

Un choc dont les effets néfastes se font ressentir pendant des années. La fin de trêve hivernale qui est prévue vendredi risque de s’accompagner de nombreuses expulsions locatives. Pour dénoncer leurs conséquences, la Fondation Abbé́ Pierre et l’Université́ Paris 1 Panthéon-Sorbonne dévoile une enquête* ce mercredi.

Selon celle-ci, un à trois ans plus tard, 32 % des ménages n’ont toujours pas retrouvé un vrai logement et vivent encore à l’hôtel ou chez un tiers. Et d’autres pans de leur vie sont affectés : 29 % des personnes interrogées n’ont pas pu poursuivre leur activité professionnelle à cause de l’ expulsion. Ce qui explique sans doute que la moitié des personnes interrogées déclarent ne pas avoir assez de ressources pour subvenir à leurs besoins. La précarité qu’ils subissent laisse aussi des traces sur leur corps et leur esprit, car 71 % des personnes interrogées ont des problèmes de santé ou des difficultés psychologiques liées au choc qu’ils ont subi.

Des effets sur la scolarité des enfants aussi

Les adultes ne sont pas les seuls à subir le tribut de l'expulsion, car 43 % d’entre eux ont constaté́ un effet de cette situation de mal-logement sur la scolarité́ de leurs enfants (décrochage scolaire, trouble du comportement, problèmes de concentration).

« Ces éléments plaident pour un changement de politique : déployer des moyens conséquents, notamment pour renforcer l’accompagnement administratif et juridique, abonder et simplifier les aides au loyer des fonds de solidarité logement et le fonds d’indemnisation des bailleurs », conclut la Fondation Abbé Pierre.

* Enquête réalisée en 2021 et 2022 par des étudiants de Master de l’université Panthéon-La Sorbonne auprès de 66 ménages accompagnés majoritairement par des associations du réseau Accompagnement aux droits liés à l’habitat, ou ayant contacté la plateforme Allô Prévention Expulsion de la Fondation.