Corse : Un document consignant les engagements de l’Etat pour « l'autonomie » en discussion
NEGOCIATIONS•Gilles Simeoni a souhaité que ses échanges avec le ministre Gérald Darmanin « soient consignés dans un document »20 Minutes avec AFP
Les discussions sur l’avenir de l’île de Beauté se poursuivent de vive voix comme à l’écrit. Vendredi, le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni a transmis au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin « une proposition » de texte. Ce document récapitule leurs échanges sur l’avenir institutionnel de l’île, a indiqué son entourage à l’AFP.
Il est encore « en discussion », a précisé à l’AFP l’entourage du ministre de l’Intérieur qui a entamé vendredi le troisième et dernier jour de son déplacement en Corse. Envoyé dans l’île par le président-candidat Macron pour apaiser les tensions après l’agression en prison d’Yvan Colonna, assassin du préfet Erignac, Gérald Darmanin a créé la surprise en ouvrant la perspective d’une « autonomie ».
« Première pierre d’un processus historique »
Saluant des « engagements très forts », Gilles Simeoni avait toutefois souhaité que ses échanges avec le ministre « soient consignés dans un document » avant de pouvoir considérer avoir « posé une première pierre d’un processus historique ».
Une demande acceptée par Gérald Darmanin : « Le président Simeoni m’a demandé une sorte de compte-rendu de nos échanges (…) j’y suis favorable », avait expliqué le ministre jeudi lors d’un point presse, mais en évoquant des questions de « calendrier » et des « participants » aux négociations à venir.
« Savoir ce qu’est cette autonomie »
« Les ministres engagent la parole de l’Etat, ce que je dis, je suis capable de l’écrire », avait martelé le locataire de la place Beauvau en restant prudent sur le résultat à venir : « Est-ce qu’on se mettra d’accord à l’issue de ces nombreuses et difficiles discussions, je n’en suis pas certain ».
« La question est de savoir ce qu’est cette autonomie », avait auparavant déclaré le ministre en avançant l’exemple du « statut » de la Polynésie. Dans ce contexte, le contenu du document en cours de discussion revêt une grande importance pour les nationalistes, dont certains se méfient déjà d’un possible revirement de l’Etat.
« Coutumier du volte-face »
« M. Macron étant coutumier du volte-face, son positionnement hier sur la Corse est très en deçà des propos et propositions tenus, en réunions officielles, par Gérald Darmanin. On peut considérer que les paroles d’un président candidat annulent celles du ministre de l’Intérieur », a tweeté vendredi Paul-Felix Benedetti, leader indépendantiste de « Core in Fronte ».
Le président Macron a estimé jeudi que le débat sur « l’autonomie » de la Corse n’était pas « tabou », tout en posant « des lignes claires » : « dans la République française, la langue française est la langue », a-t-il insisté, en précisant qu’il souhaitait « d’abord un retour au calme ». Core in Fronte détient six des sept sièges indépendantistes à l’Assemblée de Corse, le dernier revenant à Corsica Libera, le parti de son ancien président Jean-Guy Talamoni.