FAMILLEIls enregistrent vos papys et mamies « pour transmettre leurs souvenirs »

Nantes : Ils enregistrent vos papys et mamies, « pour transmettre leurs souvenirs et réentendre leurs rires »

FAMILLEA Nantes, Loïc et Stella de Chabot réalisent des reportages sur les grands-parents, à la demande des familles. Un moyen de ne pas oublier leur histoire au fil des générations
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Avec leur entreprise Les Souvenirs partagés, un couple de Nantais propose aux aînés de se confier à leur micro ou devant leur caméra.
  • Souvenirs, parcours de vie… L’interview, d’1h30 environ, est remise sous forme d’une clé USB.

De leurs grands-parents respectifs aujourd’hui décédés, ils n’ont gardé que quelques photos et objets. Mais comme beaucoup de petits enfants dans leurs cas, Loïc et Stella de Chabot donneraient cher pour voir, une fois encore, leurs aïeuls raconter des anecdotes, même celles qu’ils ont « déjà entendues mille fois » mais qu’ils ont peut-être oubliées. Pour ceux qui ont encore cette chance, et qui célèbrent ce dimanche la fête des grands-mères, ce couple de Nantais a lancé une initiative originale. Avec leur entreprise Les Souvenirs partagés, ils proposent aux aînés de se confier à leur micro ou devant leur caméra. Une interview montée comme un reportage d’1h30 environ, retraçant le parcours de vie de la personne, ponctué d’histoires et de souvenirs, est ensuite remise à la famille, sous la forme d’une clé USB.

Depuis le lancement officiel de leur activité en 2020, une soixantaine de reportages ont été réalisés dans la région nantaise. « Ce sont souvent les enfants qui nous sollicitent, rapporte Loïc de Chabot, ancien journaliste radio de 42 ans. Ils offrent à leurs parents une expérience, une occasion de transmettre leurs souvenirs au fil des générations, de se livrer. » Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’intervention de personnes extérieures permettrait de libérer la parole. « Au début, ils nous disent qu’ils n’ont rien d’intéressant à raconter, sourit Stella de Chabot, 33 ans. On les aide avec une trame de questions, leur mariage, la naissance des enfants… puis arrivent parfois des sujets jamais abordés, souvent par pudeur. » « Des souvenirs de guerre par exemple, illustre Loïc. Comme ce grand-père de 90 ans qui a raconté pour la première fois cette scène où il a vu son père être mis en joue par les Allemands… »

Le podcast ou le reportage est remis sous forme de clé USB
Le podcast ou le reportage est remis sous forme de clé USB - J. Urbach/ 20 Minutes

« Des moments drôles, d’autres où l’on chiale »

Cette année, le service sera disponible dans d’autres villes de France, et notamment Paris ou Marseille. A la rentrée de septembre, il s’exportera au Québec. Des correspondants locaux ont été formés à cet exercice délicat, où les émotions prennent une grande place lors d’un long entretien, qui dure en général plus de deux heures. « Il y a des moments drôles, d’autres où l’on chiale, par exemple quand ils nous parlent de bienveillance, de persévérance, de toutes les valeurs qu’ils veulent transmettre à leurs petits-enfants, poursuit Stella. Ils sont libres de dire ce qu’ils souhaitent mais par contre, ça doit rester convivial. On se refuse aux règlements de compte et au testamentaire. »

La clé USB est remise dans une boîte en métal, qui contient aussi des photos prises le jour J, une petite carte et des friandises. Le couple a aussi lancé des albums et cadres interactifs, que l’on peut scanner avec son téléphone pour entendre son papy ou sa mamie raconter l’histoire qui se cache derrière le cliché. « On n’est pas des thérapeutes, on veut juste faire du bien, rapporte le couple. Une dame, qui est malheureusement décédée pendant la pandémie, avait offert des boîtes à ses 17 petits enfants. Ils nous remercient encore. Réentendre le rire d’une personne disparue, c’est vraiment magique. » Un cadeau qui a un prix : 490 euros pour le format vidéo, 390 pour l’audio.