PATRIMOINEPeuplée de menhirs et de dolmens, la Bretagne veut son Stonehenge

Bretagne : Peuplée de menhirs et de dolmens, la région veut son Stonehenge

PATRIMOINEInspiré du célèbre site mégalithique anglais, un projet est dans les cartons à Carhaix
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • Un projet de Stonehenge à la sauce bretonne va voir le jour d’ici trois ou quatre ans à Carhaix dans le Finistère.
  • Le site mégalithique sera composé de 36 blocs de granit qui formeront un cercle avec un imposant menhir au centre.
  • Imaginé par le fondateur de la Vallée des Saints, le projet revêt « un enjeu de mémoire et d’identité culturelle ».

C’est le site mégalithique le plus célèbre au monde. Avec son ensemble de pierres érigées en cercle, Stonehenge, situé dans le comté du Wiltshire dans le sud-ouest de l’Angleterre, accueille chaque année plus d’un million de visiteurs. A chaque solstice d’été ou d’hiver, des milliers d’adeptes de New Age, de fêtards et de curieux s’y rassemblent aussi pour assister au lever du soleil. Même Barack Obama avait fait une halte pour visiter le monument après un sommet de l’Otan organisé en septembre 2014 au Pays de Galles.

Des rassemblements New Age sont organisés à chaque solstice sur le site de Stonehenge.
Des rassemblements New Age sont organisés à chaque solstice sur le site de Stonehenge.  - Paul Mansfield/Solent New/SIPA

Peut-être jalouse du succès du site anglais, la Bretagne veut aussi son propre Stonehenge. Car en matière de mégalithes, la région en connaît un rayon avec ses nombreux menhirs et dolmens qui se dressent sur ses terres granitiques. « Il n’y a pas qu’à Stonehenge qu’on trouve ces cercles de pierres, la Bretagne compte aussi de nombreux cromlechs », souligne Philippe Abjean.

« Pas une copie ou un pastiche de Stonehenge »

C’est à ce fervent défenseur de la culture et de l’histoire bretonne que l’on doit la renaissance du Tro Breizh, un pèlerinage pour célébrer les sept saints fondateurs de la Bretagne, ou la création de la Vallée des Saints, une sorte d’île de Pâques bretonne où sont érigées près de 170 statues monumentales. Fâché avec la nouvelle équipe des lieux, à qui il reproche une dérive commerciale, Philippe Abjean se concentre désormais sur son projet de Stonehenge breton, baptisé StoneBreizh.

C’est sur une prairie de Carhaix, le fief des Vieilles Charrues, que ce site mégalithique doit voir le jour d’ici trois ou quatre ans. Il sera composé de 36 blocs de granit de 5 à 6 m de haut qui formeront un cercle de 43 mètres de diamètre, « plus grand que celui de Stonehenge ». En son centre trônera un menhir, offert par les granitiers bretons, qui sera levé à la main pour le solstice d’été le 21 juin prochain, marquant ainsi le coup d’envoi du projet. « Mais ce ne sera pas une copie ou un pastiche de Stonehenge, assure Philippe Abjean. Cela serait ridicule et n’aurait aucun sens. »

Fêtes du solstice et feu de la Saint-Jean

En quête d’une touche contemporaine pour ce futur lieu, l’association StoneBreizh qu’il préside a d’ailleurs lancé un concours de dessins afin d’imaginer à quoi ressemblera ce cercle mégalithique. « On n’est pas dans le passéisme, c’est un projet que l’on veut moderne pour rappeler que notre région a une histoire et une culture », assure Philippe Abjean, voulant faire de la Bretagne « un exemple dans ce contexte général de cancel culture ».

A terme, une fois les monolithes érigés, cet ancien professeur de philosophie aujourd’hui à la retraite, aimerait bien aussi qu’un deuxième cercle de stèles de schiste sorte de terre. « Pour évoquer les dates clés de l’histoire bretonne et célébrer celles et ceux qui l’ont faite », souligne Philippe Abjean, rêvant d’un « Panthéon breton en plein air ». Le site mégalithique, qui sera accessible gratuitement, servira aussi de lieu de fête et de rassemblement avec la possibilité d’accueillir un millier de personnes. « Nous allons ressusciter les fêtes du solstice et la tradition du feu de la Saint-Jean qui a progressivement disparu ces dernières années en Bretagne », annonce-t-il fièrement.

Un appel au mécénat

Pour financer ce projet un peu fou, chiffré à environ un million d’euros, l’association StoneBreizh lance un appel au mécénat. « On compte bien sûr sur la mobilisation des 1.415 communes de Bretagne pour soutenir ce projet qui revêt un enjeu de mémoire et d’identité culturelle », indique Philippe Abjean.