« Convoi de la liberté » : Les policiers avaient-ils le droit de prendre des plaques d’immatriculation en photo ?
FAKE OFF•La prise de photo constitue un moyen d’enquête, assure la police nationaleLina Fourneau
L'essentiel
- Plusieurs centaines de manifestants ont convergé vers Paris, samedi 12 février, dans le cadre du « convoi de la liberté ». Dans la capitale, le préfet de police, Didier Lallement, avait « interdit tout rassemblement » s’inscrivant dans ce mouvement de contestation des mesures sanitaires.
- Sur les réseaux sociaux, la vidéo d’un policier prenant en photo une plaque d’immatriculation a fait beaucoup réagir. Certains internautes dénoncent une pratique « honteuse » et « une violation sans précédent de la loi ».
- Est-ce une pratique autorisée ? Oui, répond la police nationale.
Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés à Paris, samedi 12 février, à l’appel de l’autoproclamé « convoi de la liberté » pour dénoncer les mesures sanitaires – en particulier le pass vaccinal. Dans la capitale, la préfecture de police avait déployé plus de 7.200 policiers et gendarmes pour empêcher les convois de véhicules et les manifestants de se regrouper. En effet, le préfet de police, Didier Lallement, avait « interdit tout rassemblement de personnes ou convoi de véhicules dans Paris s’inscrivant dans le mouvement des "convois de la liberté" » au cours du week-end.
Dans ce contexte, plusieurs internautes se sont indignés d’une vidéo publiée sur Twitter dimanche 13 février. Vue plus de 100.000 fois et relayée notamment par Alain Houpert, sénateur de la Côte-d’Or, elle montre un policier qui relève des numéros d’immatriculation avec son téléphone. « La police prend en photo les plaques d’immatriculation et les visages des gens », s’indigne l’utilisatrice qui a relayé la séquence.
Est-ce une pratique légale et autorisée ?
FAKE OFF
Contactée par 20 Minutes, la préfecture de police n’a pas répondu à nos sollicitations répétées sur le contexte de cette séquence et sur les raisons qui ont incité le policier à prendre la plaque d’immatriculation en photo.
Nous nous sommes donc tournés vers la direction générale de la police nationale pour connaître les règles générales applicables. Cette dernière est claire : prendre en photo une ou des plaques d’immatriculation est « une façon à part entière d’enquêter ». « Cela peut faire partie des techniques utilisées pour faire remonter les renseignements », souligne la police nationale. Et donc, en l’occurrence, d’identifier des manifestants participant à un rassemblement interdit par arrêté.
Mais comment différencier un manifestant se revendiquant du « convoi de la liberté » de « touristes », comme le formule le sénateur Alain Houpert ? « C’est l’enquête qui détermine la différence entre les véhicules », nous répond notre interlocuteur.
Dans le communiqué relatif à l’interdiction des rassemblements dans Paris, la préfecture de police annonce son intention de recourir « à des vidéo-verbalisations » et aux images de vidéosurveillances pour identifier les contrevenants. Elle rappelle en outre que le fait « d’entraver ou de gêner une voie ouverte à la circulation publique est passible de deux ans d’emprisonnement et 4.500 euros d’amende ».
Selon le décompte de la préfecture de police, les forces de l’ordre ont procédé samedi à Paris à 97 interpellations et 513 verbalisations de participants aux « convois de la liberté », selon un bilan communiqué dimanche. Selon le parquet, 81 personnes étaient toujours en garde à vue le lendemain matin, dont Jérôme Rodrigues, un des visages du mouvement des « gilets jaunes » et soutien actif des convois anti-pass.