JUSTICEUn baron présumé du cannabis condamné à 18 ans de prison à Bordeaux

Bordeaux : Un baron présumé du cannabis condamné à 18 ans de prison en appel

JUSTICESes avocats, qui se sont étonnés de la disparition de scellés contenant des écoutes téléphoniques au cœur de l’accusation, vont se pourvoir en cassation
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Il est dépeint comme l’un des plus importants trafiquants de drogue français. Moufide Bouchibi, dit « Mouf », a été condamné mercredi en appel à 18 ans de prison par la cour d’appel de Bordeaux, pour une série de « go fast » en 2011 et 2012 portant sur plusieurs tonnes de cannabis.

La condamnation est conforme aux réquisitions du représentant du ministère public lors de son procès en appel en décembre dernier. La cour d’appel a assorti cette peine d’une période de sûreté des deux tiers, d’une amende d’un million d’euros et d’une amende douanière de 2,9 millions d’euros. Ses avocats ont annoncé qu’ils allaient formuler rapidement un pourvoi en cassation.

Neuf ans de cavale

Recherché par la police depuis 2012, le Franco-Algérien de 41 ans avait été condamné en son absence en 2015 à 20 ans de prison devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, tenant compte d’un état de récidive.

Après neuf ans de cavale, il avait été interpellé en mars 2021 à Dubaï. Son transfert en France, que la défense a toujours dénoncé comme une « extradition déguisée », avait débouché sur un nouveau procès en septembre dernier devant le même tribunal, qui l’avait condamné à seize ans de prison.

Le parquet de Bordeaux reconnaît « une erreur »

En appel, le prévenu avait nié être derrière le trafic et mis en cause la validité des écoutes téléphoniques, au cœur de l’accusation, en arguant qu’un seul enquêteur « l’identifiait ». Sa défense avait alors demandé à la cour de les « écarter juridiquement » après avoir appris la veille à l’audience que ces pièces à conviction avaient été détruites « par erreur » dans le cadre d’un plan d'« apurement massif des scellés » en 2019. Le parquet de Bordeaux a reconnu une « erreur humaine ».

« Nous n’avons pas été en mesure de disposer de ces scellés (…) permettant de vérifier que Moufide Bouchibi était bien le locuteur (…), ce qui est du point de vue de la défense gravissime. C’est invraisemblable, une première en France », ont vivement réagi mercredi ses conseils, Me Amar Bouaou et Me Keren Saffar, disant vouloir formuler un pourvoi en cassation « dès ce mercredi ».