WEBSes vidéos à succès témoignent des dangers de la route à moto

Nantes : Ses vidéos à succès témoignent des dangers de la route à moto

WEBDepuis cinq ans, Erdozz filme tous ses trajets à moto à l'aide d'une caméra embarquée. Et publie chaque semaine des compilations des écarts de conduite et mises en danger dont il est témoin
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Le Youtubeur Erdozz a déjà publié près de 250 vidéos où il circule à moto.
  • La majorité de ses images sont tournées dans l’ouest de la France.
  • La vulnérabilité d’un motard, accentuée par le montage et le point de vue immersif de la caméra embarquée, saute aux yeux.

Il parcourt plus de 20.000 kilomètres par an en passant généralement inaperçu. Mais sur Internet, Erdozz n’est plus vraiment un inconnu. Cet étudiant de 24 ans, désormais installé à Tours après avoir vécu à Nantes et Angers, cumule les succès sur les réseaux sociaux avec ses vidéos où on le voit circuler à moto. Le jeune homme, qui tient à conserver l’anonymat, publie des montages d’une dizaine de minutes, au rythme d’un par semaine, lesquels dépassent parfois les 400.000 vues. Pas de records de vitesse, de dérapages ou de gestes insensés au programme. Mais des scènes de la « vie quotidienne d’un motard » illustrant les aléas de la route et les mauvais comportements des usagers. Le tout saupoudré de commentaires spontanés, souvent drôles.

« J’ai une caméra positionnée au bas du casque qui filme en continu, sur tous mes trajets, explique Erdozz, actuellement en master 2 d’école de commerce. Lorsqu’il se passe quelque chose d’inhabituel, j’enclenche l’enregistrement et elle va conserver les cinq dernières minutes. J’ai commencé à l’âge de 18 ans, à la fin du lycée, en voyant d’autres motards faire pareil. Le but au départ était simplement d’intéresser les passionnés de moto. Et puis de plus en plus de gens m’ont suivi [85.000 sur YouTube, 116.000 sur Facebook]. Je n’avais jamais imaginé en arriver là. »

« La communauté se reconnaît dans ce que je montre »

Qui sont donc ces Internautes qui le suivent ? « Certains viennent juste pour le divertissement, pour voir de l’action. D’autres aimeraient passer leur permis moto et les vidéos les font rêver, ils ont l’impression d’être à bord. Et puis il y a la communauté des motards, qui se reconnaît dans ce que je montre, notamment les moments chauds. Comme la fois où je me suis fait poursuivre sur le périphérique nantais, la fois où une voiture m’a frôlé, ou celle où j’ai évité un vol en pleine rue. Même si ces situations sont en réalité peu fréquentes, je reçois plein des messages de gens qui me disent "à moi aussi ça m’est arrivé". »

La majorité des vidéos en ligne ont été tournées à Nantes. Comme ci à Cheviré.
La majorité des vidéos en ligne ont été tournées à Nantes. Comme ci à Cheviré. - ErDoZz

Accentuée par le point de vue immersif de la caméra, la vulnérabilité à moto saute aux yeux. « Un motard doit anticiper en permanence. Quand on est en inter-files, que l’on s’insère sur un rond-point ou qu’on roule au milieu d’un trafic dense, il faut développer un sixième sens pour éviter le danger. On ne s’en rend pas forcément compte quand on ne pratique pas. Le non-respect des distances de sécurité, par exemple, ça peut avoir des conséquences graves. Si mes vidéos peuvent servir à faire un peu de sensibilisation, tant mieux. »

Des revenus et quelques avantages

Le Youtubeur, qui délaisse parfois sa bonne humeur quand le contexte se tend, reconnaît que les motards « prennent eux aussi des risques ». « L’image des motards est associée à la vitesse, on ne peut pas le nier. Les motos sont des machines extrêmement nerveuses. Les sensations font partie du plaisir. Ce n’est pas une généralité heureusement. »

Entre le montage, la publication sur les réseaux et les réponses aux commentaires, Erdozz consacre « une trentaine d’heures par semaine » à ses vidéos. Leur succès lui permet aujourd’hui de percevoir des revenus mensuels estimés entre 1.500 et 3.000 euros. Sans compter quelques avantages ponctuels : essais libres d’engins, invitation sur un circuit, rencontre avec un pilote du Paris-Dakar… « Je mesure la chance qui est la mienne, confie l’étudiant d’origine nancéenne. J’aimerais bien continuer à me développer, proposer de nouvelles choses. Mais je ne me prends pas trop la tête. Je sais que ce métier est assez incertain sur la durée. Ça peut vite s’arrêter. »