Lyon : Maestro in Custom, la customisation pour être bien dans ses baskets
ARTISANAT•La Lyonnaise Barbara Cloupet a créé sa marque de customisation de sneakers, Maestro in Custom, après un vécu difficile. Partie d’une démarche d’art-thérapie, sa passion la fait désormais vivreJennifer Lesieur
L'essentiel
- Maestro in Custom propose un service de customisation de sneakers, sur commande, pour tous les budgets.
- Sa créatrice, Barbara Cloupet, a commencé son activité dans le cadre d'une art-thérapie, après des années de violences.
- Son talent et son savoir-faire lui permettent désormais d'avoir un carnet de commandes constamment rempli.
Tout amateur de sneakers rêve d’une paire unique, décorée à la main, comme celle que crée Maestro in Custom. Derrière cette marque, la Lyonnaise Barbara Cloupet dessine, peint, découpe, coud, peaufine jusqu’à 300 paires par an. Goldorak, Naruto, un logo de club : avec ses pinceaux et sa peinture acrylique, l’artiste sait tout faire. Et sa joie de créer, d’écouter les souhaits de ses clients, est celle de quelqu’un qui revient de loin.
« J’ai commencé le custom comme de l’art-thérapie », explique-t-elle. « A 17 ans, j’ai rencontré la mauvaise personne, et pendant quinze ans j’ai connu tous les types de violences. » La jeune femme s’est longtemps sentie vidée de forces jusqu’au déclic qui l’a fait sortir de cet enfer. « C’était il y a six ans, mais l’après a tout de même été compliqué », confie-t-elle. « Quand j’ai commencé le custom, c’était surtout pour me faire plaisir. Et je me suis aperçue qu’une fois plongée là-dedans, je ne gambergeais plus. Ça m’a fait un bien fou, ça organisait mes journées… »
Une formation en autodidacte qui a fait mouche
Barbara Cloupet n’espérait pas en vivre. Elle a pourtant un réel talent, hérité de son grand-père. Petite, elle a voulu faire du dessin son métier, « mais on m’a fermé les portes en disant qu’il fallait avoir un sacré talent, une sacrée personnalité surtout, et moi, comme je suis quelqu’un de discret, j’avais lâché l’affaire… » Elle a donc travaillé à l’usine, testant des moteurs le jour et continuant de dessiner la nuit. Jusqu’à la rencontre avec son compagnon actuel.
Celui-ci, qui tient une boutique de sneakers à Oullins, lui suggère le custom. « J’ai essayé pour m’amuser, d’abord avec les mauvais outils, des feutres qui ne tiennent pas. Alors j’ai creusé, j’ai regardé beaucoup de tutos, j’ai démarché des artistes américains pour savoir quelle peinture utiliser et comment… C’est un vrai métier ! » Mordue, elle a publié des photos de ses créations sur Instagram en espérant quelques commandes. Trois ans plus tard, elle en a assez pour en vivre et s’en émerveille encore : « Les photos que je publie sont mes commandes en cours, je n’ai pas le temps de faire du stock ! »
Une large gamme de clients pour tous les budgets
Barbara Cloupet travaille à la commande, et vend ses créations à la boutique de son conjoint pour le sportswear, et à la boutique Evok Shoes pour les paires de luxe. « Ça me donne un panel large de customs : je peux en réaliser pour un gamin qui n’a pas un gros budget, et de faire des choses plus complexes, avec le budget qui en découle, pour la boutique de luxe. Le maximum, c’est 450 euros, hors paire. Mais ce sera du full custom, avec des dessins plus recherchés qu’un Peppa Pig pour un enfant ! Le prix est vraiment en fonction de la difficulté de réalisation, et du temps que j’y passe. »
Les paires « couture » sont les plus demandées : « En 2021, sur 300 paires, j’ai dû faire 250 couture. Les autres demandent parfois 30 heures de dessin pour certains croquis, alors qu’en deux heures, la paire couture est faite, c’est ce qui assure mon salaire. Mais mon vrai plaisir, c’est la peinture… » Ce rêve réalisé, Barbara Cloupet en forme un autre : avoir un petit atelier. « J’ai investi dans une machine à coudre Singer de cordonnier, et elle prend beaucoup de place chez moi ! », rit-elle.