DANGERLes « pièges à vététistes » se multiplient sur les chemins en Alsace

Alsace : Les « pièges à vététistes » se multiplient sur les chemins

DANGEREn quatre mois, deux de ces actes irresponsables ont conduit à des blessures en Alsace
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Deux personnes ont été blessées à cause de planche à clous dans les bois en Alsace. Le tout en quatre mois.
  • Ce phénomène, dangereux, est-il nouveau ? Il pourrait provenir de potentiels conflits en forêt, où les populations – randonneurs, vététistes – sont de plus en plus nombreuses.

Il va mieux aujourd’hui mais s’en souviendra encore longtemps. Fin septembre, un jeune vététiste de 18 ans avait été grièvement blessé dans le Haut-Rhin. La faute à une chute provoquée par… une planche cloutée. Soit le même dispositif qui a été retrouvé, non sans douleur, par une promeneuse jeudi dernier à Gries (Bas-Rhin).

Les forêts alsaciennes seraient-elles devenues dangereuses ? « Il y a eu des signalements ces derniers mois mais ces pièges restent des exceptions », nuance Cédric Ficht, directeur de l’agence de l’Office national des forêts (ONF) à Schirmeck (Bas-Rhin). « L’an dernier, sur toute la France, nous avons fait remonter six cas », prolonge Ludovic Lechner, référent de la Mountain Bickers Foundation (MBF) pour le massif des Vosges.

Les VTT tolérés mais pas autorisés

Les deux l’assurent, ce phénomène « dangereux et irresponsable » est « en accélération » ces derniers mois. Depuis, notamment, que se mettre au vert est redevenu tendance pour de nombreux Français, lassés des confinements. Le massif des Vosges n’a pas échappé à ce nouvel afflux de population. « Nous sommes sur un territoire très densément peuplé où, à un moment de l’année, jusqu’à 2,5 millions peuvent avoir envie de consommer la pleine nature », résume le président du Club vosgien dans le Haut-Rhin Joseph Peter. « Or c’est un espace où il y a des libertés mais aussi des règles ».

Que certains, à pied ou non, ne respectent pas toujours. « Il y a de plus en plus de gens qui se croisent donc plus en plus de potentielles situations de conflits », reprend Cédric Ficht en témoignant de scènes tendues entre randonneurs et autres usagers de la forêt. Comme avec les cyclistes, eux aussi bien plus nombreux qu’avant grâce au développement de l’assistance électrique au pédalage.

« On est aussi mal vu car beaucoup de gens croient que le VTT est systématiquement interdit sur les sentiers, alors que ce n’est pas le cas », rebondit Ludovic Lechner, de la MBF. « Le code forestier ne le mentionne pas donc on a le droit d’y aller. » Un point sur lequel l’ONF n’est visiblement pas d’accord. « Il est écrit que tous les véhicules sont interdits. Le VTT en est un, non motorisé », précise le directeur de l’agence de Schirmeck. « Mais c’est vrai qu’un tribunal n’a jamais tranché la question. En attendant, nous appliquons une notion de tolérance. Mais elle peut être révoquée localement et les piétons seront toujours prioritaires. »

Des pièges mis par des chasseurs ?

Revient alors une question : qui pose ces fameux pièges et pourquoi ? En 2015, un homme avait été condamné dans l’Hérault à 9 mois de prison, dont un mois ferme, pour avoir multiplié les obstacles à l’encontre des vététistes. Planches à clous, pieux plantés dans la terre, etc. « A l’origine, c’était souvent pour lutter contre les motos tout-terrain. Des gens en avaient marre du bruit », rappelle Cédric Ficht. « Aujourd’hui, c’est plus flou. »

Les deux enquêtes ouvertes en Alsace n’ont, pour l’instant, pas permis de trouver des responsables. « Certains accusent les chasseurs mais pas moi, il n’y a pas de preuve », indique le vététiste, conscient que la majorité des obstacles sont destinés aux pratiquants des deux roues, motorisés ou non. Surtout quand il s’agit de fils tendus à 1,50 m du sol, voire de barbelés… Les deux ont déjà été vus dans la région.