Qui a tué Caroline Marcel en 2008 à Olivet ? Un « Appel à témoins » relancé

Loiret : Trop de pistes possibles et pas de témoin... Qui a tué Caroline Marcel en 2008 à Olivet ?

ENQUETELes enquêteurs de la PJ espèrent recueillir de nouveaux témoignages ce lundi soir dans l’émission de M6 « Appel à témoins »
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Caroline Marcel, 45 ans, a été tuée en juin 2008 à Olivet, dans le Loiret. Son corps a été retrouvé par un promeneur dans la rivière. Elle a été frappée puis étouffée avec son tee-shirt.
  • 14 ans après les faits, les enquêteurs de la police judiciaire tentent toujours de retrouver le meurtrier de cette femme divorcée, mère d’une petite fille qui avait 11 ans à l’époque.
  • Ce lundi soir, M6 consacre une partie de son émission Appel à témoins à cette affaire pour tenter de relancer les investigations.

Ce lundi 23 juin 2008, un enseignant à la retraite se promène sur les bords du Loiret, à Olivet, lorsqu’il aperçoit un corps dans la rivière. Les pompiers et la police se rendent sur place et sortent de l’eau le cadavre d’une femme brune aux yeux marron, mesurant environ 1m65. La victime est vêtue d’un tee-shirt blanc, d’un short noir, de chaussettes blanches et de baskets grises. En revanche, ils ne trouvent ni téléphone portable, ni document qui permettrait de l’identifier. Mais les enquêteurs font le lien avec la disparition, la veille, d’une femme de 45 ans, originaire de la ville, qui était partie courir un peu avant 20h. Il s’agit bien de Caroline Marcel. Rapidement, la piste accidentelle est écartée : l’autopsie révélera qu’elle a été frappée à la tête, puis étranglée avec son tee-shirt avant d’être jetée à l’eau.

Presque 14 ans se sont écoulés depuis son meurtre. Et les enquêteurs de l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes) et de la police judiciaire d’Orléans tentent toujours de retrouver l’auteur. A-t-elle fait une mauvaise rencontre ? Ou le meurtre était-il prémédité ? Afin de relancer des investigations au point mort, M6 consacre ce lundi 31 janvier une partie de son émission Appel à témoins, présentée par Julien Courbet et Nathalie Renoux, à cette affaire. « La difficulté, c’est que la scène de crime ne présente que peu d’éléments intéressants, et pas d’éléments matériels. En outre, le mobile est compliqué à identifier car il y a trop de pistes possibles », nous explique le commissaire divisionnaire Philippe Guichard, adjoint au sous-directeur de la lutte contre la criminalité organisée, et ancien patron de l’OCRVP.

Pas de témoin

Divorcée, mère d’une enfant de 11 ans, Caroline Marcel a garé sa Clio noire sur le parking à proximité d’une maison de retraite. Ce soir-là, peu nombreux sont les habitants du coin à se balader dans le secteur. Le temps est couvert, et l’Espagne affronte l’Italie en quart de finale de l’Euro 2008. Aucun témoin du crime ne s’est manifesté, et la pluie s’est plus tard chargée d’effacer les quelques traces que le meurtrier aurait pu laisser. Lorsque son ex-mari, Patrice, apprend la nouvelle, il ne peut cacher sa « stupéfaction », comme il l’a confié ce lundi dans l’émission l'Heure du crime sur RTL. Son ex-femme n’était, selon lui, « pas menacée ». Pourquoi aurait-on voulu s’en prendre à elle ?

Les policiers remarquent que son corps a été retrouvé non loin d’un foyer de réinsertion, qui accueille d’anciens détenus dont une trentaine a été condamnée pour des infractions sexuelles. Mais les vérifications effectuées conduisent les enquêteurs à écarter cette piste. Ils vont aussi chercher des liens avec d'autres affaires de joggeuses tuées ailleurs en France, mais là encore, sans résultat. Ils vont alors se plonger dans la vie de cette directrice adjointe de l’agence Crédit agricole d’Olivet. Elle était restée en bons termes avec son ex-mari qui avait la garde de leur fille le week-end de sa mort. L’enquête révèle bien qu’elle était en conflit avec ses chefs, au point de vouloir faire appel au conseil de Prud’Hommes et de se faire arrêter. Décrite comme une personne un peu « directive », elle entretenait avec certains clients des relations parfois tendues.

« Des affaires ont été élucidées suite à des émissions de télé »

Mais aucun élément ne permet d’affirmer que sa mort ait un lien avec son travail. Les enquêteurs vont un temps s’intéresser à l’un de ses anciens compagnons, un homme décrit comme jaloux, parfois violent. Une piste d’autant plus intéressante que Caroline Marcel voulait se séparer de lui. Quelques jours plus tôt, elle avait acheté une bague destinée à le rendre jaloux. Un bijou qui n’a jamais été retrouvé, ni dans la rivière, ni à son domicile… Placé en garde à vue, il est ressorti libre sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Après avoir examiné sa téléphonie, les policiers sont arrivés à la conclusion qu’il ne se trouvait pas à proximité de la scène de crime le soir des faits.

En 2018, l'avocate des parents de la victime, Me Chantal Bonnard, a indiqué sur France Bleu Orléans que les avancées de la science ont permis de découvrir « des petites traces d’ADN ». Ces traces ont été comparées à celles que contient le Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Là encore, sans résultat. L’émission de M6 constitue donc un ultime espoir pour retrouver le meurtrier de Caroline Marcel. « D’expérience, je peux dire que plusieurs affaires ont été élucidées suite à des émissions de télé ou de radio longtemps après les faits », souligne le commissaire divisionnaire Philippe Guichard. Et ce dernier de conclure : « Le moindre élément, la moindre information, même qui semble parcellaire, est intéressante et ne doit pas être négligée. Médiatiser régulièrement des affaires de cette nature, c’est un vrai plus dans une enquête. »

Un numéro vert - 0800.10.11.21 - et une adresse mail - [email protected] - sont mis à la disposition des téléspectateurs qui auraient des informations à transmettre anonymement ou non à la justice.