Grenoble : Des enseignants de l'IEP prennent position contre un professeur suspendu
CONFLIT•L'IEP de Grenoble a suspendu un enseignant après des interviews données au site de l’hebdomadaire « Marianne », au quotidien « L’Opinion » et à la chaîne « CNews »20 Minutes avec AFP
Dans une tribune publiée ce mardi dans Le Monde, un collectif d’enseignants de Sciences Po Grenoble a dénoncé « les attaques infondées » d’un collègue dont la suspension en décembre a relancé la polémique autour de la liberté d’expression qui secoue l’établissement depuis plusieurs mois.
« Les propos insultants colportés par notre collègue, qui nous accuse désormais d’être "un institut de rééducation politique", sont repris sans aucune vérification par des femmes et hommes politiques de tous niveaux », déplorent une trentaine d’enseignants de l’IEP.
Des enseignants adeptes des théories « woke »
« Que savent nos détracteurs de ce qui se passe à Sciences Po Grenoble ? (…) Ont-ils pris le temps de lire le travail collectif que nous avons produit sur le concept de neutralité scientifique, pourtant librement accessible sur notre blog ? Ont-ils aussi pris le temps d’échanger avec nos étudiantes et étudiants ? », ajoutent-ils. Ce collectif assure aussi que cette « controverse sur le "wokisme" ou la "cancel culture" (leur) est étrangère ».
Visé par des accusations d’islamophobie en mars 2021, le professeur d’allemand Klaus Kinzler a décrit dans des interviews début décembre l’IEP de Grenoble comme un institut de « rééducation politique » en accusant un « noyau dur » de collègues, adeptes selon lui des théories « woke », d’endoctriner les étudiants, et la direction de laisser faire. Ces propos, jugés diffamatoires par la direction de l’IEP, lui ont valu d’être suspendu.
Une journée de débats au coeur de la polémique
Cette décision a suscité de nombreuses réactions politiques, notamment celle du président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, qui a suspendu ses financements à l’école.
Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a lui-même critiqué la suspension de l’enseignant, la qualifiant d'« erreur formelle » de la part de la direction de l’IEP et se disant « certain que la priorité n’est pas de sanctionner ce monsieur ». Le début de cette affaire remonte à fin 2020, quand Klaus Kinzler et une collègue historienne avaient échangé des courriels véhéments à propos d’une journée de débats intitulée « racisme, antisémitisme et islamophobie » en contestant cette formulation et en critiquant l’islam.
Une pétition en soutien au professeur suspendu
Le 4 mars, le professeur avait été, avec un autre enseignant, la cible d’affichettes l’accusant d'« islamophobie » placardées par des étudiants à l’entrée de l’institut et relayées sur les réseaux sociaux par des syndicats.
Par ailleurs, une pétition en ligne sur le site mesopinions.com, réclamant le retour du professeur d’allemand à l’IEP, recueillait mardi plus de 11.500 signatures. L’auteur de la pétition, un soutien de Klaus Kinzler, estime que l’enseignant est « victime d’une campagne ad hominem de diffamation et d’intimidation par des étudiants gauchistes de l’IEP de Grenoble ».