Féminicide de Mérignac : De l’avertissement à l’exclusion avec sursis proposés contre des policiers
ENQUETE•Quatre officiers et deux brigadiers étaient convoqués ce mardi devant deux conseils de discipline pour évaluer leur responsabilité dans le dossier Chahinez Daoud, brûlée vive en pleine rue par son mari violent, à Mérignac20 Minutes avec AFP
Des sanctions allant de l’avertissement à des jours d’exclusion avec sursis ont été proposées mardi lors de conseils de discipline à Paris et Bordeaux, devant lesquels six policiers étaient renvoyés après le féminicide Mérignac. Les propositions devront être soumises au directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, qui décidera de les valider in fine ou non.
Quatre officiers et commissaires, dont le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de Gironde Martin Levrel, étaient convoqués à Paris, tandis que deux brigadiers l’étaient à Bordeaux. Les deux commissaires renvoyés, Martin Levrel et le commissaire de Mérignac, ont comparu dans la matinée. Le Conseil de discipline a proposé un avertissement contre le DDSP et trois jours d’exclusion de fonction avec sursis contre le commissaire de Mérignac, a-t-on appris de sources concordantes.
Un seul brigadier a comparu à Bordeaux
Les officiers renvoyés devant le conseil de discipline comparaissaient dans l’après-midi à Paris. Un seul brigadier a comparu à Bordeaux, l’autre ayant obtenu finalement un report pour raison de santé. Le conseil de discipline a proposé contre lui une sanction du « premier groupe » qui comprend l’avertissement, le blâme et l’exclusion temporaire allant jusqu’à trois jours, selon le secrétaire régional du syndicat Alliance, Eric Marrocq.
« Nous avons démontré que le rôle de la hiérarchie était largement insuffisant dans l’accompagnement de ce dossier et le management de notre collègue », a dit Eric Marrocq, qui le défendait. « Il était hors de question qu’il endosse le rôle de lampiste. »
Fautes ou erreurs d’appréciation
Le 4 mai, à Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux, Chahinez Daoud avait été blessée par balle avant d’être immolée par le feu dans la rue par son mari violent dont elle était séparée. Déjà condamné pour des faits de violences conjugales, ce dernier, qui venait de sortir de prison, avait de nouveau menacé son épouse. Elle avait déposé une plainte deux mois avant d’être tuée.
En septembre, un rapport de l’IGPN, la « police des polices », avait établi que des fautes ou erreurs d’appréciation avaient été commises par plusieurs agents dans le cadre de ce féminicide qui avait déclenché une vague d’émotion. Dans ses conclusions, l’IGPN ne préconisait cependant pas la convocation devant le conseil de discipline, une décision prise finalement par Frédéric Veaux.