Tarn : Le maire de Lavaur proscrit l'écriture inclusive de tous les documents de la ville
POLITIQUE•Une initiative qui ne fait pas l’unanimité au sein du conseil municipal de cette commune du TarnBéatrice Colin
L'essentiel
- Le maire LR de Lavaur, Bernard Carayon, a décidé de proscrire l’écriture inclusive des écrits de sa commune et d'inscrire cette interdiction dans le règlement intérieur.
- L’opposition municipale déplore cette décision, mais surtout « le non-respect » du règlement intérieur sur d’autres sujets.
Certains pensaient que le débat sur l'écriture inclusive n’était plus d’actualité. A Lavaur, dans le Tarn, il revient sur le devant de la scène. Son maire Les Républicains, Bernard Carayon, a en effet décidé de proscrire « l’utilisation de l’écriture dite "inclusive" dans les écrits officiels de la Ville », indique un communiqué de cette petite ville de 11.000 habitants.
Pour entériner cette décision, le 30 novembre dernier, il a fait prendre une délibération à son conseil municipal qui modifie ainsi le règlement intérieur de la commune. Une mesure locale qui fait écho à la « la prohibition de son usage par l’Etat dans une circulaire d’Edouard Philippe, alors Premier ministre », rappelle celui qui fut le porte-parole de Michel Barnier lors des primaires des Républicains.
Vous ne verrez donc pas d’agriculteur·rice·s ou encore d’artisan·e·s dans les actes administratifs ou le journal de la commune, pas plus que d’auteur·rice·s en dédicace à l’hôtel de ville. « Cet usage loufoque, importé des Etats-Unis par la pseudo-culture " woke ", est accompagné désormais par les géants du numérique, comme Apple, qui vient d’adapter son logiciel au " point médian " », fustige Bernard Carayon dans un communiqué. Il n’y aura pas plus de « iel » dans les écritures vauréennes même si ce pronom figure désormais dans le Petit Robert et qu’il a suscité la polémique
Tacle de l’opposition
Pauline Albouy Pomponne, chef de file de l’opposition Lavaur Citoyenne n’a pas été surprise par cette décision. Elle pense même y être un peu pour quelque chose. « Je lui écris des mails en écriture inclusive et il donne la consigne de ne pas me répondre, là c’est un moyen de continuer. Si je faisais de grosses fautes de grammaire, il me répondrait peut-être », ironise-t-elle.
Cette élue ne fait pas un casus belli de l’écriture inclusive, elle s’est donc abstenue avec son groupe, préférant pointer « le non-respect du règlement intérieur ». « Sur l’écriture inclusive, il s’est fait plaisir, j’ai pris le contrepied en indiquant que le règlement n’est pas toujours respecté. Il y est écrit par exemple que toutes les délibérations doivent être débattues en commission en amont, c’est le cas dans 30 à 40 % des cas. Ce qui compte c’est que nous avons d’autres moyens d’expression inclusive », poursuit Pauline Albouy Pomponne qui assure « vouloir s’investir sur des actions plutôt que de faire de la politique politicienne ».