AGRICULTURELe département des Alpes-Maritimes veut « plus de terrains » agricoles

Alpes-Maritimes : Le département veut plus de « terrains réservés à l’agriculture »

AGRICULTUREL’un des objectifs du Plan agricole et rural pour 2021-2028 qui vient d'être lancé est de lutter contre l’artificialisation des sols
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Le président du département Charles Ange Ginésy a présenté le nouveau plan agricole et rural de 2021, accompagné du président de la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes, Michel Dessus.
  • Pour ce plan, qui va jusqu’à 2028, le département déversera 2,5 millions d’euros « pour commencer » a indiqué le président du département.
  • Il comprend six axes, dont le premier consiste à « préserver le foncier agricole » avec la mise en place de deux outils.

«Aujourd’hui, il y a encore des terres qui sont en friches, qui ne sont pas exploitées, qui appartiennent à des propriétaires privés qui ne les utilisent pas alors qu’ils sont sur des zones naturelles ou agricoles. On veut travailler sur ces terrains-là », annonce Charles Ange Ginésy, président du département des Alpes-Maritimes, lors de la présentation du plan agricole et rural pour 2021-2028.

Le premier objectif de ce plan concerne donc « la protection du foncier agricole » car « le problème du foncier, c’est un des problèmes les plus importants dans les Alpes-Maritimes ». Il ajoute : « Les prix sont insoutenables pour créer ou agrandir une exploitation sur notre territoire. » Mais pour « un département qui vit du tourisme », il compte tout de même 162.000 hectares de terres utilisées, pour un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros. Ainsi, le président rappelle « qu’on ne fait pas d’agriculture sans terrain ».

La création d’une « commission départementale d’aménagement foncier »

Pour pallier ce problème, le nouveau plan prévoit la création d’une commission départementale d’aménagement foncier. Charles Ange Ginésy développe : « Elle aura la capacité d’instruire et de recenser mais aussi de regarder de plus près quels sont les terrains utilisables. » Un deuxième outil sera également mis à disposition pour cette préservation foncière. Ce sont « des périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains », c’est-à-dire, « une façon de voir de quelles manières on peut obtenir, grâce aux documents de l’urbanisme, que des terrains soient réservés à l’agriculture ». Il précise : « Tout cela se fait en concertation et à la demande des maires du département » à qui le conseil départemental apporte déjà des aides et des subventions pour se rendre propriétaires de ce foncier.

Les communes sont d’ailleurs la cible de la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes. Son président, Michel Dessus, déclare : « Le but est de convaincre un élu pour maintenir et installer des jeunes agriculteurs. » Avec la pandémie et les confinements, « il y a eu une prise de conscience de la population qui veut manger local et mieux consommer, indique-t-il en précisant une hausse du chiffre d’affaires de 30 % grâce au coronavirus. Mais l’autre réalité, c’est qu’on a été débordé, toutes filières confondues, du maraîchage aux fleurs. La production locale n’est pas suffisante pour la population maralpine. C’est pour ça qu’il faut travailler sur le maintien des existants mais aussi développer et installer des jeunes agriculteurs. »

« Un plan qui arrive au moment propice »

Les concernés confirment. Agnès Papone, de la ferme bio Lavancia à Puget-Théniers développe : « On a vu un engouement énorme pour les produits locaux mais on a aussi vu un retour aux anciennes habitudes une fois le confinement terminé. D’un côté, on est soulagé d’avoir notre clientèle habituelle. » Nicolas Lassauque, maraîcher bio à Carros, complète : « Il y a plus de demandes que d’offres. Il doit y avoir 2 % d’autonomie alimentaire sur le département, et en bio, encore moins. Il y a la place pour les agriculteurs mais on revient sur le problème du foncier. Pour répondre à la demande, il nous manque de la terre et éventuellement, le fait de revaloriser ce métier qui est un métier d’avenir. »

C’est pour cette raison que, pour l’agricultrice, ce plan foncier arrive « au moment propice ». « C’est le frein essentiel à l’installation sur notre secteur et ce qui empêche la plupart des jeunes de se projeter dans un avenir agricole. » Elle ajoute : « C’est aussi important de réfléchir à comment on utilise les terres. On parle du foncier mais dans les Alpes-Maritimes, il y a beaucoup de terres qui ne sont pas du tout orientées vers notre alimentation. Elles sont plutôt utilisées pour les éleveurs. » Elle applaudit les actions du département mais ce qu’elle aimerait en plus de toutes ces aides à l’installation, c’est développer « un suivi dans le temps, un maintien avec du soutien parce qu’être agriculteur, c’est un métier difficile tout le temps, pas juste au début. Et on en a besoin. »