Surface cultivée stable, mais moins d'exploitations… A quoi ressemble la ferme France en 2021 ?
AGRICULTURE•Si la surface agricole est restée depuis 2010, la France a perdu 100.000 exploitations agricoles en dix ans, pointe, ce vendredi matin, le recensement agricole de 2020. Retour sur les principaux enseignements de cette grande étude réalisée tous les dix ansM.F et F.P
L'essentiel
- 200.000 questionnaires envoyés aux agriculteurs et 100.000 rencontres sur le terrain, par 1.500 enquêteurs. Le ministère de l’agriculture publie ce vendredi matin les premiers résultats sur le recensement agricole 2020, réalisé tous les dix ans
- Si les agriculteurs français gèrent toujours la moitié du territoire métropolitain, le nombre d’exploitations, lui, a baissé de 21 % en dix ans.
- La première raison pour Julien Denormandie est le vieillissement de la population agricole et son corollaire : des départs en retraite toujours plus massifs. Mais le secteur ne perd pas en attractivité, estime-t-il.
Moins d’exploitations mais toujours autant de surface agricole. Selon les chiffres dévoilés ce vendredi par le recensement agricole 2020, la France métropolitaine ne compte plus que 389.000 exploitations agricoles. C’est 21 % de moins (environ 100.000) qu’il y a dix ans. « Si la baisse du nombre d’exploitations est continue depuis les années 1970, la dynamique baissière est moins forte que lors de la précédente décennie : le recul a été de -2,3 % par an entre 2010 et 2020, contre -3,0 % par an entre 2000 et 2010 », relativise le ministère de l’Agriculture.
Ce recensement décennal « s’est appuyé sur 200.000 questionnaires envoyés aux agriculteurs, complétés par 100.000 rencontres sur le terrain par 1.500 enquêteurs », précise Julien Denormandie, ministre de l’agriculture qui présentait, ce vendredi matin, « que les premiers résultats de cette étude ».
Des exploitations qui s’agrandissent
Si le nombre d’exploitations baisse, ce recensement montre aussi que la surface agricole est restée la même, avec seulement une baisse de 1 % par rapport à 2010. Elle s’établit aujourd’hui à 26,7 millions d’hectares, « soit près de 50 % de notre territoire métropolitain », pointe Julien Denormandie.
Les exploitations se sont agrandies et font désormais 69 hectares en moyenne, soit 14 hectares de plus qu’en 2010 (+25 %). « C’est une augmentation qui reste raisonnable. On est loin de la taille de certaines exploitations hors Europe, comme aux Etats-Unis où la taille moyenne est de 178 hectares », fait valoir le ministre de l’Agriculture.
Une population agricole qui vieillit
En 2020, 759.000 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles. C’est l’équivalent de 583.000 emplois à temps plein, soit une baisse de 12 % en dix ans. Actuellement, 58 % des chefs d’exploitations et coexploitants ont 50 ans ou plus, un chiffre en augmentation de six points depuis 2010. Ce vieillissement de la population agricole place la France devant ce défi colossal de parvenir à renouveler ses générations d'agriculteurs, alors qu’un sur deux arrivera à Julien Denormandie note tout de même un chiffre rassurant dans ce recensement national. « La part des exploitants agricoles de moins de 40 ans (105.000 soit 20 %) est restée stable par rapport à 2010, insiste-t-il. C’est la preuve que le secteur agricole continue d’être attractif auprès des Français, même si nous devons encore travailler sur certains aspects de ces métiers, notamment la rémunération. » Le nombre de nouvelles installations chaque année reste également « relativement stable », autour des 14.000. Un rythme qu’il faudra toutefois porter à 20.000 dans les prochaines années pour équilibrer les départs à la retraite et assurer ainsi ce renouvellement des générations, évalue Julien Denormandie.
Une représentativité des femmes à améliorer
Toujours sur le profil des agriculteurs français, le ministre de l’agriculture identifie un autre défi pour les prochaines années : celui d’accroître la part des femmes parmi les chefs d’exploitations. « Elle est toujours sous les 30 %, une faible part d’autant plus paradoxale qu’on atteint aujourd’hui la parité dans l’enseignement agricole technique, détaille Julien Denormandie. Il y a même une majorité significative d’étudiantes dans l’enseignement agricole supérieur. »
Le ministre voit dans ce décalage l’impératif de poursuivre le travail sur l’amélioration des conditions de travail dans l’agriculture. « Plusieurs chantiers ont été lancés pour améliorer l’accompagnement des agriculteurs, notamment sur le droit au répit, les congés parentaux, commence-t-il. Le plan France 2030 prévoit aussi d’investir dans l’amélioration des conditions de travail des agriculteurs et agricultrice. »
La filière élevage en chute libre ?
Cette photographie de la ferme France montre une agriculture diversifiée avec des productions végétales désormais majoritaires. Actuellement, 52 % des exploitations sont spécialisées en production végétale contre 45 % dix ans plus tôt. Leur nombre a baissé moins fortement (-9 %) que la moyenne (-21 %) des exploitations.
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En revanche, les exploitations spécialisées en élevage accusent une chute de 31 %. La baisse est encore plus marquée (-41 %) parmi les exploitations combinant plusieurs types d’élevages (lait et viande) ou parmi les fermes associant cultures et élevage (-41 %). Par ailleurs, le nombre d’exploitations dans les départements d’Outre-mer Mer se monte à 26.000. Leur surface moyenne est de 5 hectares. Au total la France compte donc 416.000 exploitations agricoles.