CA FAIT LA MAILLEColoré, kitsch ou customisé… Comment réussir son pull moche ?

Albi : Coloré, kitsch ou customisé… C’est quoi un pull moche qui a de la gueule ?

CA FAIT LA MAILLELa cinquième édition du championnat du monde du pull moche se déroule ce samedi au Parc des expositions d’Albi, dans le Tarn
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • A l’approche de Noël, au bureau ou en famille, le pull moche est de retour et va piquer les yeux.
  • A Albi, ce samedi, pour la cinquième année, le champion du monde du pull moche sera désigné.
  • Pour gagner, il faut être un adepte du kitsch, de la couleur, des motifs hideux et avoir un certain sens de l’autodérision. La coupe mulet pour accompagner le chandail est un plus.

Depuis quelques années, les Français se sont mis à la tradition très british du « Ugly Christmas Sweater », paradant au bureau avec des têtes de cerf sur fond rouge apposées sur leurs superbes tricots en acrylique. Une tendance de fond au pull moche qui enthousiasme chaque année des adeptes de l’humour potache, réunis au Parc des expositions d’ Albi pour décerner le titre de champion du monde.

Ce week-end, ces fous de la maille kitsch, maîtres ès second degré, se retrouvent à nouveau dans la cité tarnaise pour désigner le chandail du plus mauvais goût, dans une atmosphère potache à souhait. Pour décrocher le titre, il ne faut pas se contenter de monter sur scène avec un pull de Noël commandé sur Internet, mais avoir mis du cœur dans la customisation ou la réalisation de son chandail unique.

Des critères évidemment très subjectifs

« Ce qui compte, c’est la créativité qu’ont pu y mettre les gens, ce mélange de couleurs, de mauvais goût, de graphismes. Je me souviens lors de la première édition, d’une espèce de pull de chasse avec un cerf et des couleurs. Ce sont des critères absolument pas objectifs, mais totalement subjectifs. Le personnage qui porte le pull compte aussi, il doit avoir un certain charisme, tout comme l'applaudimètre », explique Christophe Cousse, un des membres du jury qui a reçu plus de 250 candidatures.

Lui en connaît un rayon sur la question. Car c’est de ce Tarnais qu’est partie l’idée d’un concours, ou plutôt de ses pulls qu’un de ses amis considéraient comme moches. « La grosse blague est devenue un championnat. Il est arrivé que des gens, qui n’avaient pas le recul suffisant, se moquent de nous, mais nous, cela nous a permis de vivre de grands moments. Comme ces cinq mamies de plus de 90 ans en Ehpad qui durant trois à quatre mois se sont remises à tricoter, sont montées sur scène en fauteuil roulant. Elles étaient sur un nuage, heureuses, on s’est dit qu’on avait gagné », poursuit celui qui veut insuffler avec ce rendez-vous un peu de légèreté et de bonne humeur dans cette période morose.

Une faille spatiotemporelle dans laquelle de nombreux candidats s’engouffrent, planchant sur la meilleure façon de l’emporter. Certains fouillent dans leurs malles et ajoutent des peluches à leurs vieux sweats vintage, d’autres poussent le challenge jusqu’à les électrifier, ressemblant à des sapins de Noël sur pattes.

De l’industriel au tricotage

Des adeptes ont même créé des pulls à deux, voire cinq places. D’autres ont passé le cap et décidé de se mettre au tricot pour réaliser le pull le plus laid possible. C’est le cas de Jérôme Viau. Originaire de Saumur, ce fidèle du championnat n’a pas hésité à se former à l’art de manier les aiguilles.

Il avait déjà un certain goût pour le kitsch, puisque chaque année en décembre, avec ses collègues taxis, il revêt un chandail de Noël, histoire de mettre un peu de gaieté. Mais après avoir dégoté un tableau de Goldorak, il a décidé de reproduire lui-même la tête du robot d’Actarus. « J’ai regardé des vidéos sur YouTube, j’ai pris des cours. Je fais des pulls pas très jolis, celui de Goldorak a les dents mal faites. Mais on s’en fiche, l’essentiel c’est de s’amuser, d’avoir envie de partir d’une image et de la retranscrire en pull », assure ce candidat. Et il ne s’économise pas, quand il met une trentaine d’heures pour réaliser un pull classique, il lui en faut une cinquantaine pour composer ses créations moches.

Il a même été jusqu’à reproduire le pull « tapisserie » qui figure sur l’affiche du championnat du monde. Pour lui, la clé du succès, c’est de se payer une bonne tranche d’autodérision. Et un pull moche peut remporter la palme « parce qu’on l’a tricoté et qu’on ne le retrouve nulle part ailleurs », assure Jérôme qui se présente cette année en solo, mais aussi en duo avec sa sœur et son pull « violet hideux ».

Si vous ajoutez à votre tricot une coupe mulet et un masque customisé, la victoire est certainement à portée de main.