Nice : « La séduction, c’est censé être un processus agréable et respectueux », rappelle Fanny Vedreine, autrice de « Séduire sans soûler »
INTERVIEW•A 29 ans, l’écrivaine qui vient de sortir son premier livre parle avec 20 Minutes de relations, de consentement et de déconstruction de codesPropos recueillis par Elise Martin
L'essentiel
- Cet été, Fanny Vedreine sortait son premier livre, un guide pratique, avec 60 pages de conseils sur la séduction.
- Un sujet qui ne cesse de faire l’actualité. Quand certaines évoquent leur liberté d’être importunée ou leur goût d’être sifflée dans la rue, d’autres se battent pour gagner un peu de respect à travers le féminisme.
- L’autrice revient sur l’importance de déconstruire les codes appris à travers la pop culture pour contrer les « on ne peut plus rien dire ou faire » et accepter de s’instruire pour mieux agir, dans le respect et le consentement.
Se faire siffler dans la rue, recevoir des commentaires sur sa tenue ou son physique sans en avoir demandé ou subir des attouchements non désirés dans des transports. Ces exemples de harcèlements sexuels, ou d’agressions sexuelles pour le dernier, ont déjà été vécus par plus de 80 % des femmes dans des lieux publics vie en France. A l’occasion de la journée internationale contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles envers les femmes, 20 Minutes a rencontré Fanny Vedreine, qui vient de sortir un guide pratique pour « séduire sans soûler ». Elle revient sur la déconstruction nécessaire des façons de penser « la drague » et souligne l’importance de vouloir s’instruire pour « séduire dans l’enthousiasme et le consentement tout simplement ».
En quoi un livre comme Séduire sans soûler a-t-il son rôle à jouer aujourd’hui ?
Il faut que les hommes comprennent qu’on ne peut pas balancer à une femme quand elle passe dans la rue qu’elle a « un bon cul ». Ils n’ont pas à faire de commentaire alors qu’ils ne la connaissent pas et qu’elle n’a rien demandé. Et non, on ne prend pas ça pour un compliment. Je parle des hommes dans cet exemple parce que c’est un fait, les femmes n’agissent pas de cette manière. Avec ce Séduire sans soûler, j’indique qu’il y a des façons de faire et que c’est très important de les appliquer.
Comment avez-vous eu l’idée de l’écrire ?
Avec le mouvement #metoo, j’ai entendu beaucoup d’hommes se plaindre « qu’on ne pouvait plus rien dire ou faire » à cause du féminisme. C’est donc un guide pratique, neutre et rigolo pour répondre à ce genre de réflexions. Comme base, je suis partie des éléments de la pop culture qu’on nous a servis toute notre vie mais qui nous apprennent les mauvais codes liés au patriarcat, que ce soient les séries, les films, les clips et autres. Dans Hitch expert en séduction, par exemple, on se concentre sur la partie drôle alors que la morale, finalement, c’est qu’il fallait simplement être naturel pour plaire.
Quels sont les conseils que vous donnez pour draguer à l’ère #metoo ?
Je préfère utiliser « séduire » que « draguer » car ce terme a été biaisé par la culture du viol où il a été banalisé de ne pas prêter attention à ce que l’autre pense ou ressent. Quand on drague, on part à la chasse. Dans la séduction, on est davantage dans les émotions et on a ce sentiment partagé qu’on se plaît. C’est moins animalier et plus romantique. C’est censé être un processus agréable et respectueux pour les deux personnes. Et puis, la base de toutes les relations, c’est le consentement. C’est primordial et ça peut même être sexy mais c’est surtout le point de départ. Si une personne te dit non, ça veut vraiment dire non. C’est un chapitre très important du guide pratique. Je conseille aussi de repenser ses techniques d’approches, je dédramatise le « vent » ou la « friendzone » ou encore les questionnements liés aux relations virtuelles.
A qui s’adresse ce guide pratique ?
La structure patriarcale fait que ce sont les hommes qui oppressent davantage dans des relations hétérosexuelles. Ils sont victimes des codes qu’ils ont appris dans les films et de la société. J’ai anglé mon propos par rapport à ces éléments de culture avec lesquels on grandit, c’est-à-dire, des histoires hétéronormatives. Par contre, ce livre s’adresse également aux femmes. Le temps de la princesse qui attend son chevalier toute sa vie est révolu. C’est tout à fait normal de faire le premier pas si la personne nous plaît et qu’on ne veut pas passer à côté de quelque chose. Qu’on soit un homme de 65 ans ou un adolescent, en couple ou non, cassons les codes pour continuer d’apprendre à être respectueux et vivre quelque chose de libre avec un désir partagé.